Ce premier août, fête nationale de notre nation, marque pour la Bretagne une journée cardinale de son année. Bien sûr, en tout premier lieu, depuis les temps les plus anciens, le 1er août représente pour les Celtes la fête de Lughnasad, fête de la souveraineté qui se situe entre le solstice d’été (21 juin) et l’équinoxe d’automne (21 septembre).
Lugh
Lughnasad, « l’assemblée de Lugh », fut créée par le dieu celtique Lugh, maître de la totalité des arts et savoirs, en tant que jeux funéraires donnés en l’honneur de sa mère, Tailtiu. Celle-ci se sacrifia d’épuisement après avoir redonné vitalité à la terre entre la fête de Beltaine (1er mai) et Lughnasad (1er août) pour nourrir les hommes.
Tailtiu, mère de Lugh
Crom Cruach, dieu souterrain de la même nature que Pluton chez les Romains et Hadès chez les Grecs, tient en sa possession le grain dont Lugh doit s’emparer pour le donner aux hommes. D’une bonne récolte dépendait la vie de beaucoup et les forces chtoniennes, toujours à l’affût, devaient être combattues par le dieu ouranien de la lumière incarné par Lugh.
Crom Cruach, dieu souterrain que combat Lugh
En Irlande, les jeux tailtiéens, équivalents des jeux olympiques grecs, étaient l’occasion d’une trêve entre les rois irlandais. Ces célébrations avaient notamment pour fonction d’honorer les morts lors de cérémonies druidiques, de faire proclamer des lois par les bardes, de nouer des mariages temporaires d’une durée d’une année et un jour entre jeunes garçons et jeunes filles, de demander à aux dieux une moisson prolifique et de divertir les masses lors d’épreuves physiques et mentales.
Assemblée de druides à Lughnasad au sommet d’une montagne
Parmi les rites connus en Irlande figurent ceux-ci : une coupe solennelle de la première récolte de céréales dont une offrande serait faite à la divinité en la portant sur un lieu élevé et en l’enterrant ; un repas de la nouvelle nourriture et des myrtilles auquel tout le monde doit participer ; un sacrifice d’un taureau sacré, un festin de sa chair, avec une certaine cérémonie impliquant sa peau, et son remplacement par un jeune taureau ; une danse rituelle racontant peut-être une lutte pour une déesse et un combat rituel ; l’installation d’une tête [en pierre taillée] au sommet de la colline et le triomphe d’un acteur personnifiant Lugh ; une autre pièce représentant l’enfermement par Lugh du monstre du fléau ou de la famine ; une célébration de trois jours présidée par le jeune et brillant dieu Lugh ou par son représentant humain. Enfin, une cérémonie indiquant que l’interrègne est terminé et que le dieu principal a retrouvé sa place.
On comprend dès lors l’association entre cette fête et la souveraineté incarnée par le roi. Le roi, principe vertical, exerce le contrôle parfait sur sa terre, principe horizontal, en tant que régulateur des forces productives. S’il manque à son devoir de régulation harmonieuse, sa capacité à régner est remise en cause et le chaos menace. Lors de l’assemblée de Lugh donc, toutes les classes sociales doivent être présentes : druides, guerriers et artisans pour demander le succès des moissons dont tous sont dépendants pour l’année à venir. En Bretagne, par exemple, la fête de Luhan (Louan, Elouan, issu de Lugh), est l’occasion de jeux le premier août.
Plus près de nous, le 1er août 939, est également la date de la victoire remportée par les Bretons contre les Viking à Treant-ar-C’hoad (« Trans-la-Forêt ») sous la direction d’Alan al Louarn, roi de Bretagne. Elle marque la fin de l’occupation viking de la Bretagne après un siècle de tentative de colonisation. Cette victoire cruciale permit la restauration de l’État breton et marque de ce fait la pleine restauration de la souveraineté bretonne sur la Bretagne.
Gouel broadel Breizh laouen d’an holl Vrezhoned !
Ewen Broc’han
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