Les images qui nous viennent d’Irlande se suivent et se ressemblent. Nous voyons comment Dublin, la capitale, les principales villes provinciales, et même des villages, sont méthodiquement repeuplées par des migrants du tiers-monde sur ordre du gouvernement irlandais. Ces scènes, nous, Bretons, les reconnaissons d’autant mieux que nous les voyons également se matérialiser dans nos villes.
Il y a beaucoup trop d’étrangers étranges qui traînent en Irlande.
Lutter contre les Britanniques pendant 800 ans pour ensuite céder le pays au tiers monde est le plus grand « L » de l’histoire irlandaise.
There are way too many strange foreign men hanging around Ireland.
Fighting the British for 800 years just to give the country away to the 3rd world is the biggest L in Irish history. pic.twitter.com/bUdtI3iqqT
— MichaeloKeeffe (@Mick_O_Keeffe) September 17, 2024
La colère populaire croissante face à cette colonisation de peuplement a été systématiquement diabolisée par les médias du pays, tous sous l’influence de la bourgeoisie dublinoise. Là aussi, nous, Bretons, en avons déjà fait l’expérience : si l’on peut discuter marginalement des effets de l’immigration, évoquer sa réduction, son « contrôle », pour les médias il ne saurait être question de la remettre en cause en tant que telle. L’élite politico-médiatique hexagonale et ses relais en Bretagne a fait de l’immigration de masse un dogme qu’il est interdit de remettre en cause sous peine d’opprobre.
En Irlande, nous voyons s’unir sur la question les partis qui se répartissent le pouvoir depuis la fondation de la République, qu’il s’agisse de la droite libérale ou de la gauche à prétention socialiste.
La droite libérale au pouvoir met en coupes réglées l’Irlande qui est devenue le paradis fiscal de l’Union Européenne. Depuis son intégration dans l’UE, la bourgeoisie irlandaise s’est considérablement enrichie grâce aux devises des multinationales établies dans le pays. La richesse du pays a plus que doublé depuis 2014.
Ces multinationales recrutent internationalement et avec l’arrivée de leurs cadres viennent leurs exigences en termes de services. L’afflux de main d’oeuvre non-qualifiée exigée par ces multinationales est assuré par le gouvernement libéral grâce à l’immigration extra-européenne. Pour pérenniser la présence de cette main d’oeuvre servile, l’État irlandais « naturalise » à grande échelle.
Face à la majorité libérale au pouvoir, le Sinn Fein, principal parti de gauche, mène une politique identique. Si la droite libérale soutient l’immigration de masse pour complaire aux exigences des capitalistes irlandais et de leurs donneurs d’ordre internationaux, la gauche socialiste voit dans cet afflux permanent d’étrangers de futurs bataillons d’électeurs. Si elles prétendent s’opposer politiquement, les deux forces se réunissent autour d’une même conception anti-nationale, cosmopolite et utilitariste, l’Irlande n’étant rien de plus qu’une province du marché international où les biens, les capitaux et les personnes doivent circuler librement.
Michelle O’Neill, vice-présidente du Sinn Fein et premier ministre d’Irlande du Nord
Le révolutionnaire socialiste James Connolly (1968 – 1914) observait déjà cette tendance de son temps. S’exprimant dans son journal The Worker’s Republic à propos du combat pour la langue gaélique, Connolly évoque l’action destructrice du capitalisme sur le caractère celtique de l’Irlande.
« Je crois que le mouvement gaélique est porteur d’une grande promesse de vie, mais cette promesse ne se réalisera que lorsqu’il s’insérera naturellement dans la vie de la nation, aux côtés de tous les autres facteurs qui contribuent à la régénération du peuple. L’ennemi principal d’une renaissance celtique aujourd’hui est la force écrasante du capitalisme qui détruit irrésistiblement toutes les caractéristiques nationales ou raciales et qui, par le simple stress de sa prépondérance économique, réduit une Galway ou une Dublin, une Lituanie ou une Varsovie au niveau d’une simple imitation de seconde main de Manchester ou de Glasgow » écrit Connolly.
Cette affirmation est encore plus vraie en 2024 qu’en 1898. Dublin devient une simple imitation de Manchester, une vitrine du système capitaliste occidental tardif avec l’immigration de masse comme dogme central. Ses effets sur la culture sont clairs comme le montrent les villes britanniques et comme le montrent de plus en plus les villes irlandaises, mais aussi les villes bretonnes.
Il est impossible pour les Irlandais, tout comme pour les Bretons et tous les peuples d’Europe, d’échapper à leur dépossession complète sans affronter les principes du système d’expropriation qui les dirige. Gauche et droite politiques, du moins dans la sphère électorale, sont deux éléments complémentaires dans la répartition des pouvoirs au sein des démocraties occidentales. La gauche contemporaine qui se propose de « renverser le capitalisme » ne fait en réalité que l’accompagner dans son projet d’expropriation des peuples par son soutien absolu à l’immigration de masse, voulue et organisée par la bourgeoisie. En ce sens, et depuis longtemps, elle est le chien de garde de la grande bourgeoisie, de la finance, du grand patronat.
Éric Coquerel (LFI): « Le problème numéro un dans ce pays n’est pas la question de l’immigration » pic.twitter.com/6OH7muomcn
— BFMTV (@BFMTV) September 15, 2024
Au delà de la simple réaction à l’immigration de remplacement, il faut réfléchir à l’effondrement démographique qui le précipite. Nous ne ferons pas l’économie d’une critique sévère de la mobilisation des femmes par le système capitaliste, ni de la promotion du féminisme comme outil de cette mobilisation par le capitalisme organisé, ainsi que celle des effets inévitables sur la natalité que génèrent la promotion de lois anti-familiales d’inspiration libérale.
En Bretagne, cette critique doit se doubler de la critique de la mobilisation du peuple breton menée par l’État français à travers la francisation généralisée qu’il organise dans le but d’en faire une réserve de cadres et de main d’oeuvre pour le capital hexagonal. Alors que la Bretagne se vide de sa jeunesse à flots constants, absorbée par les entreprises hexagonales, la bourgeoisie française déverse dans nos villes les migrants du tiers-monde dont elle espère faire une masse de consommateurs d’appoint. Au surplus, la bourgeoisie française bénéficiaire de cette politique s’approprie nos terres, notamment nos littoraux qu’elles transforment en espace réservé, tandis que les Bretons s’en voit chassés.
La seule nostalgie identitaire ou le folklore, dans lequel le peuple breton se complait aujourd’hui, ne seront que d’un faible secours. Pour mener cette lutte pour la libération collective et personnelle, le nationalisme breton doit armer intellectuellement et spirituellement le peuple breton. Cela passe par un important travail d’éveil par la propagande, mais aussi par l’implication dans les champs de résistance sociale à l’État et au capitalisme français, notamment dans tout ce qui concerne l’expropriation concrète de la jeunesse bretonne et de ses effets, comme l’émigration. Le nationalisme breton doit appeler la jeunesse émigrée à opérer un retour en Bretagne pour mener la lutte de ré-appropriation quotidienne. Enfin, par l’engagement électoral, il doit offrir aux Bretons la possibilité de soutenir un parti qui combat pour cette émancipation réelle.
Ewen Broc’han
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