Un récent sondage réalisé par l’IFOP pour Régions, Peuples, Solidarité (RPS), publié le 19 août 2025, met en lumière la vigueur de l’identité bretonne et les aspirations profondes des Bretons pour une reconnaissance accrue de leur nationalité. Dans un contexte où le centralisme parisien est de plus en plus contesté, la Bretagne se distingue par un attachement indéfectible à son identité ethno-nationale et des revendications claires pour la réunification et la préservation de sa langue.
Une identité bretonne plus forte que l’identité française
Avec 47 % des Bretons se déclarant plus attachés à la Bretagne qu’à la France, l’attachement à l’identité bretonne reste un pilier central de la conscience collective en Bretagne. Ce chiffre, bien au-dessus de la moyenne hexagonale (27 % des Français privilégient leur identité régionale), place la Bretagne aux côtés de la Corse (57 %) et de l’Alsace (42 %) parmi les pays les plus fiers de leur singularité. Si le sentiment français a gagné du terrain depuis 2000 (39 % en 2025 contre 26 % il y a 25 ans), le sentiment breton reste prédominant.
Plus frappant, 34% des Bretons se disent désormais plus bretons que français. Un sondage réalisé en 2001 indiquait alors que 15% des Bretons se disaient plus bretons que français, soit une augmentation de 19% en 24 ans.

La réunification : un objectif majoritaire
Le sondage confirme une aspiration de longue date : 53 % des Bretons soutiennent le rattachement de la Loire-Atlantique à la région administrative Bretagne, plaidant pour une réunification de la Bretagne historique (à cinq départements). Ce résultat, en progression par rapport à l’an 2000, illustre le refus d’une partition administrative imposée par l’État central. La Loire-Atlantique, avec Nantes, son ancienne capitale, reste au centre des revendications bretonnes. Ce soutien majoritaire est un signal fort envoyé aux décideurs politiques : la Bretagne ne se conçoit pas sans son intégrité territoriale.
La langue bretonne : un patrimoine à protéger
L’enquête révèle également que 57 % des Bretons souhaitent l’enseignement obligatoire de la langue bretonne. Ce chiffre traduit une volonté farouche de préserver cet élément fondamental de l’identité bretonne, menacé par des décennies de marginalisation par l’État français. Face à un modèle éducatif centralisé qui a activement voulu éradique la langue bretonne, les Bretons appellent à une politique ambitieuse pour transmettre leur langue nationale aux générations futures. Cette aspiration s’inscrit dans une dynamique plus large de revitalisation culturelle, où la langue est perçue comme un vecteur d’unité et de résistance.
Opposition au centralisme parisien
Le sondage met en lumière une défiance croissante envers le modèle jacobin, perçu comme déconnecté des réalités vécues par les peuples de l’Hexagone. En Bretagne, comme dans d’autres pays (82 % des Occitans critiquent le centralisme médiatique), les habitants expriment un désir d’autonomie et de reconnaissance. Sur le plan médiatique, 89% des Bretons rejettent l’hyper concentration des médias à Paris.
Ce rejet du centralisme parisien s’accompagne d’une demande de plus de pouvoir pour les régions, afin de mieux répondre aux enjeux qu’elles affrontent. La Bretagne, avec son histoire de lutte pour la reconnaissance, se positionne en fer de lance de ce mouvement anti-centralisateur.
Une aspiration massive à la décentralisation
Le sondage met en lumière une crise profonde de confiance envers le modèle centralisé français, avec une demande spectaculaire de décentralisation. 68 % des Français estiment que les collectivités locales n’ont pas assez de pouvoir, une progression de 18 points par rapport à 2012 (50 %). Ce mécontentement, particulièrement marqué chez les seniors (73 %), les habitants des communes rurales (75 %) et les électeurs de Marine Le Pen (79 %), traduit une convergence inédite face au jacobinisme. En Bretagne, cette défiance s’inscrit dans une longue histoire de revendications pour l’’autonomie ou l’indépendance.
De plus, 73 % des Français soutiennent l’adaptation régionale des lois nationales, permettant aux pays de tenir compte de leurs réalités particulières. Ce soutien, qui transcende les clivages politiques (66 % au centre-gauche, 74 % à droite, 80 % à l’extrême-droite), est particulièrement fort chez les dirigeants d’entreprise (81 %) et dans les territoires périphériques comme la Bretagne. Cette mesure, révolutionnaire pour l’organisation administrative française actuelle, converge avec une aspiration bretonne de longue date : une gouvernance adaptée aux spécificités ethniques.
Enfin, le fédéralisme, autrefois tabou, gagne en légitimité avec 71 % des Français favorables à une France fédérale, dotant les régions de pouvoirs et de moyens accrus. Ce modèle trouve un écho particulier dans les pays à forte identité, avec 78 % de soutien en Bretagne, aux côtés de l’Alsace (86 %) et de la Corse (76 %). Ce plébiscite pour une dévolution du pouvoir marque une rupture avec des siècles de centralisation, témoignant d’une maturité nouvelle face aux enjeux de subsidiarité.
Un message clair pour l’avenir
Dans un contexte où l’attachement régional progresse partout en France (27 % en 2025 contre 23 % en 2011), la Bretagne incarne un modèle d’affirmation identitaire. Les Bretons aspirent à une véritable autonomie, qui leur redonnerait les moyens de préserver leur identité nationale et de construire leur avenir national. Pour les nationalistes bretons, ce sondage est une feuille de route. Il montre que la flamme bretonne brûle plus fort que jamais et que le peuple est prêt à défendre son identité face à Paris. À nous, Bretons, de porter ces revendications.
Budig Gourmaelon
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