Le massacre de Bleiburg, survenu en mai 1945 près de la frontière austro-slovène, reste l’un des épisodes les plus sombres de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce crime de masse, perpétré par les Partisans yougoslaves sous commandement communiste et facilité par les décisions des Alliés, a coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes, principalement des Croates anti-communistes.
Une exécution massive sous l’égide communiste
En mai 1945, alors que la guerre touche à sa fin, des colonnes de réfugiés – soldats de l’État indépendant de Croatie (NDH), membres de la Garde nationale, mais aussi civils, femmes et enfants – fuient l’avancée des Partisans communistes de Josip Broz Tito. Ces groupes, estimés entre 100 000 et 200 000 personnes, cherchant à échapper à la répression. Leur destination : les lignes britanniques en Autriche, où ils espèrent trouver protection.
Dès le 12 mai, les premières unités yougoslaves atteignent Bleiburg, marquant le début d’une tragédie. Les Partisans entament des exécutions massives. Les prisonniers sont abattus sur place, jetés dans des fosses communes ou contraints à des « marches de la mort » vers des camps en Yougoslavie. Les estimations du nombre de victimes varient : les études sérieuses, comme celle de Vladimir Žerjavić, avancent environ 55 000 morts, tandis que d’autres sources évoquent jusqu’à 80 000 victimes, dont une part importante de civils. Ces actes, menés sans procès et en violation des Conventions de Genève, témoignent d’une brutalité systématique orchestrée par l’Armée populaire yougoslave, avec l’aval de Tito.
Le massacre de la mine Barbara
Le massacre de la mine Barbara, également appelé massacre de Huda Jama, est une exécution de masse survenue en mai et juin 1945, après la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans une mine de charbon abandonnée près de Huda Jama, en Slovénie. Plus de 1 400 personnes furent tuées par les partisans communistes yougoslaves, sous l’égide du Corps de défense populaire (KNOJ) et de l’OZNA, dans le cadre des refoulements de Bleiburg orchestrés par les Britanniques.
À Huda Jama, les prisonniers, venant notamment des camps de Teharje et Stari Pisker, furent transportés de nuit. Attachés par paires, dénudés, ils furent exécutés par balle, marteau ou pioche au-dessus des puits de la mine. Les corps furent recouverts de chaux pour accélérer la décomposition, et la mine fut scellée avec 400 m³ de béton et des barrières, rendant les lieux inaccessibles. Aucun survivant n’est recensé.
Une analyse archéologique (2009-2016) a exhumé 1 416 victimes, dont 769 en 2009 et 647 en 2016. Parmi elles, 21 femmes et des jeunes dès 17 ans, mais la majorité étaient des hommes de 20 à 40 ans, principalement des soldats de la NDH. Des civils furent également tués, bien que leur nombre exact reste incertain.
Le massacre fut occulté par les autorités communistes yougoslaves, qui interdirent toute discussion. Les archives officielles n’en font pas mention, mais une première allusion apparut en 1947 lors d’un procès. Ce n’est qu’en 1990, après la chute du communisme, que le site fut publiquement évoqué. Les investigations débutèrent en 2008, révélant les corps en 2009 après le percement de 11 barrières de béton. Un mémorial fut érigé en 1997, et en 2016, 778 victimes furent transférées au cimetière de Dobrava, près de Maribor, lors d’une cérémonie réunissant les dirigeants croates et slovènes.
La responsabilité des Alliés
Les Alliés, et en particulier les Britanniques, jouent un rôle déterminant dans cette tragédie. Stationnées près de Bleiburg, les forces britanniques refusent d’accueillir les réfugiés, invoquant des contraintes logistiques et des accords avec les Alliés, notamment l’opération Keelhaul, qui prévoyait le rapatriement des prisonniers vers leurs pays d’origine. Conscientes du sort probable réservé aux Croates par les partisans communistes, elles les renvoient néanmoins vers la Yougoslavie. Ce choix, motivé par des considérations diplomatiques et le souhait de préserver les relations avec Tito, transforme les Britanniques en complices indirects du massacre.
Cette décision révèle une facette cynique des Alliés, souvent célébrés comme défenseurs de la liberté. En livrant des civils et des soldats sans distinction, ils ont contribué à un crime de guerre, trahissant les principes qu’ils prétendaient défendre. Pour les Bretons, ce double jeu rappelle les compromissions des grandes puissances face aux aspirations des petites nations, un écho à notre propre lutte pour l’indépendance.
Olier Kerdrel
Recevez notre newsletter par e-mail !
