Durant la guerre d’indépendance bretonne (1487-1491), la Bretagne lutte pour préserver son indépendance face à l’expansionnisme français. En 1487, Nantes, capitale, devient le théâtre d’un siège crucial contre l’armée française. Parmi les figures de la résistance bretonne, Jean Jardin, un gentilhomme originaire de Quimper en Cornouaille, joue un rôle clé dans l’organisation de la défense de la ville.
La guerre d’indépendance bretonne
En 1487, le duché de Bretagne, dirigé par le duc François II, est affaibli par des divisions internes et la pression croissante de la France, sous la régence d’Anne de France pour le jeune roi Charles VIII. La guerre d’indépendance bretonne, intégrée à la guerre folle (1485-1488), oppose le duché à la couronne française, qui cherche à annexer la Bretagne pour consolider son pouvoir. Le traité de Guérande (1365) n’a pas résolu les rivalités successorales entre les Montfort et les Penthièvre, et l’absence d’héritier mâle pour François II place sa fille, Anne de Bretagne, au centre des enjeux dynastiques.
L’année 1487 marque un tournant. Les Français, avec une armée de 15 000 hommes, prennent plusieurs places fortes bretonnes : Ancenis, Châteaubriant, La Guerche, et Redon. Ploërmel tombe le 1er juin après un bombardement intense. François II, contraint de fuir Vannes, se replie sur Nantes, où il organise la résistance. Les tensions internes, notamment entre le maréchal Jean IV de Rieux (tuteur d’Anne) et le vicomte Jean de Rohan, fragilisent les Bretons, mais des nobles locaux, comme Jean Jardin de Quimper, mobilisent leurs ressources pour défendre la capitale ducale.
Nantes en 1487 : une forteresse capitale
Nantes (Naoned), située sur la Loire, est la capitale politique et symbolique du duché. Avec environ 15 000 habitants, elle est un centre administratif, commercial, militaire, et résidence du duc. Sa position stratégique sur la Loire en fait une cible prioritaire pour les Français, mais aussi un bastion défensif grâce à ses fortifications.

Naoned au 15e siècle
Les murailles de Nantes, renforcées au XVe siècle, entourent la ville avec des portes fortifiées, comme la porte Saint-Pierre et la porte Sauvetout. Le château ducal, situé au sud-est, est une forteresse imposante avec des tours (dont la tour de la Couronne d’Or) équipées pour l’artillerie. Les fossés et la Loire offrent une barrière naturelle au sud.
La ville dispose de réserves de vivres, d’armes, et d’une garnison composée de lances bretonnes, de milices paysannes, et de mercenaires anglais et allemands. Les habitants, fidèles au duché, soutiennent la défense.
Les routes au nord (Vannes, Rennes) et à l’est (Paris) sont des accès vulnérables, nécessitant une surveillance renforcée.
Jean Jardin : un gentilhomme de Kemper dans la résistance
Jean Jardin, originaire de Kemper, est un gentilhomme breton, probablement un chevalier ou écuyer lié à une famille noble de Cornouaille. Les sources, telles que les archives de la Société archéologique du Finistère, ne détaillent pas son ascendance exacte ni son titre précis, mais son rôle dans la défense de Nantes est évoqué dans le contexte de la mobilisation des nobles cornouaillais. Kemper, capitale de la Cornouaille, est un centre stratégique pour l’acheminement de renforts et de provisions, et Jardin aurait été un acteur clé dans ces efforts.

Remparts médiévaux de Kemper
Jardin aurait coordonné l’envoi de renforts depuis la Cornouaille (milices, archers, vivres) via la rivière Odet et les ports de Konk Kerne (Concarneau) et Kemper (Quimper). Il aurait également participé à la planification tactique, notamment pour protéger les accès nord de Naoned (Nantes).
Organisation des défenses de Naoned (Nantes)
La défense de Naoned (Nantes) est orchestrée par François II et le maréchal Jean IV de Rieux, mais des nobles locaux, comme Jean Jardin, jouent un rôle crucial dans la logistique et la mobilisation.
Les murailles sont consolidées avec des barricades et des postes d’artillerie. Les portes Saint-Pierre et Sauvetout sont surveillées par des archers et des milices.

Soldats, 15e siècle
Après la chute de Ploërmel, l’armée bretonne est réduite à environ 4 000 hommes, incluant des lances nobles, des paysans armés, et des mercenaires. Jean Jardin aurait mobilisé des milices cornouaillaises, estimées à plusieurs centaines d’hommes, pour renforcer la garnison.
Les ports de Cornouaille (Konk Kerne, Benoded) acheminent des vivres par la Loire, brisant partiellement le blocus français. Jardin, depuis Kemper, aurait supervisé ces convois, essentiels pour éviter la famine.
Le maréchal de Rieux dirige les opérations, mais des gentilshommes comme Jardin gèrent des secteurs spécifiques, comme les routes nord ou les positions sur la Loire.
Déroulement du siège de Naoned (19 juin – 6 août 1487)
Le siège de Naoned (Nantes) débute le 19 juin 1487, lorsque l’armée française, commandée par Louis de La Trémoille, encercle la ville avec 15 000 hommes. Voici le déroulement détaillé :
- Phase initiale (19-30 juin) : Les Français installent des batteries d’artillerie face aux murailles nord et est, bombardant les remparts. Les Bretons ripostent avec des canons depuis le château et les tours, tandis que les milices, soutenues par des nobles comme Jean Jardin, défendent les portes. Les habitants participent, renforçant l’unité bretonne.
- Renforts cornouaillais (juillet) : Jean Jardin, depuis Kemper (Quimper), organise l’envoi de vivres et de troupes via la Loire et les routes côtières. Ces renforts, combinés à ceux du Léon, affaiblissent le blocus français, permettant à Naoned (Nantes) de tenir. Les milices cornouaillaises, armées d’arcs et de lances, renforcent les positions nord.
- Résistance acharnée : Les Bretons effectuent des sorties tactiques pour harceler les lignes françaises, tandis que l’artillerie du château inflige des pertes. La fidélité des Nantais et l’arrivée de mercenaires anglais galvanisent la défense.
- Levée du siège (6 août) : Épuisés par les pertes, les difficultés logistiques, et la résistance bretonne, les Français lèvent le siège le 6 août 1487. La victoire bretonne, à laquelle Jean Jardin contribue par ses efforts logistiques, retarde l’annexion française.
Conséquences et héritage
La défense réussie de Nantes en 1487 est une victoire temporaire pour la Bretagne. La bataille de Saint-Aubin-du-Cormier (28 juillet 1488) marque une défaite décisive, avec 5 000 à 6 000 Bretons tués contre 1 500 Français.
Jean Jardin, en tant que gentilhomme de Quimper, symbolise l’engagement des nobles cornouaillais dans la résistance bretonne. Bien que les sources ne détaillent pas ses actions post-1487, son rôle dans la mobilisation des renforts et la coordination logistique depuis Kemper a contribué à la survie de Naoned (Nantes) face au siège.
Sources
- Wikipédia, Guerre de Bretagne et French–Breton War (articles en français et anglais, consultés pour le contexte général).
- Société archéologique du Finistère, archives sur les seigneuries d’Elliant et Quimper (mentions des familles nobles cornouaillaises).
- Dominique Le Page & Michel Nassiet, L’Union de la Bretagne à la France, Skol Vreizh, 2003 (détails sur la guerre et les nobles bretons).
- René Cintré, Les marches de Bretagne au Moyen Âge, 1992 (analyse des fortifications et des sièges).
- Jean Kerhervé, L’État breton aux 14e et 15e siècles, 1987 (sur les structures féodales et militaires).
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