La noblesse bretonne s’est illustrée historiquement à travers des actes héroïques qui ont consolidé l’indépendance de l’État breton jusqu’à son annexion, illégale et illégitime, par la France en 1532. Il serait trop long de citer les hauts faits des nombreuses familles de l’aristocratie bretonne qui ont fait la Bretagne, mais nous en citerons quelques uns pour l’illustrer.
Les Montfort et la défense héroïque d’Hennebont (1342)
Lors de la guerre de Succession de Bretagne (1341-1364), Jeanne de Flandre, héritière du duché, incarna la résistance bretonne face aux prétentions françaises. En 1342, assiégée dans la ville d’Hennebont par les troupes de Charles de Blois, soutenu par le roi de France Philippe VI, Jeanne galvanisa ses hommes en prenant elle-même les armes. Selon les Chroniques de Jean Froissart (éd. 1869-1975), elle chevaucha en armure, ralliant les défenseurs et organisant une sortie audacieuse qui brisa le siège. Ce haut fait, rapporté par l’historien Jean-Christophe Cassard (La Guerre de Succession de Bretagne, 1998), montre la détermination des Penthièvre à préserver l’autonomie bretonne contre l’influence française.
Les Rieux et la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier (1488)
Jean IV de Rieux, maréchal de Bretagne, est une figure emblématique de la résistance à l’annexion française. Le 28 juillet 1488, lors de la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier, il commanda l’armée bretonne aux côtés du duc François II face aux forces de Charles VIII. Malgré une défaite écrasante, où 6 000 Bretons périrent, Jean IV tenta de reformer ses troupes pour poursuivre la lutte, comme le rapporte Philippe Tourault dans Anne de Bretagne (1986). Son fief de Rochefort-en-Terre, bastion stratégique, resta un symbole de la résistance bretonne face à l’envahisseur français.
Les Rohan et la révolte de 1370
La maison de Rohan, bien que parfois divisée, s’illustra par des actes de défi contre la France. En 1370, Jean Ier de Rohan refusa de prêter serment d’allégeance au roi de France Charles V, qui tentait d’imposer son autorité après le traité de Guérande (1365). Soutenant le duc Jean IV, il mobilisa ses vassaux pour défendre les forteresses de Josselin et de Clisson, empêchant les Français de contrôler l’est du duché. Michael Jones, dans Ducal Brittany, 1364-1499 (1970), souligne que cette résistance permit au duché de maintenir une autonomie fragile face aux pressions françaises.
Les Malestroit et la défense de Ploërmel (1487)
La famille de Malestroit, représentative de la petite noblesse bretonne, joua un rôle crucial dans la révolte de 1487 contre l’invasion française. Jean de Malestroit, seigneur de Ploërmel, organisa la défense de cette ville stratégique, située sur la route entre Rennes et Vannes, face aux troupes de Charles VIII. Selon André Mussat (Arts et culture de Bretagne, 1979), son château servit de point de ralliement pour les nobles bretons fidèles au duc, défiant ouvertement l’autorité française. Cette résistance, bien que vaincue, incarne l’esprit indomptable de la noblesse bretonne.
Les Coëtmen et la révolte de Pontcallec (1718-1720)
Plus tard, au début du XVIIIe siècle, la maison de Coëtmen s’illustra dans une ultime révolte contre l’occupation française. Le marquis de Pontcallec, issu de cette famille, organisa une conspiration en 1718 pour restaurer l’indépendance bretonne face à la régence de Philippe d’Orléans. Mobilisant plusieurs nobles bretons, il tenta de lever une armée pour s’opposer à l’absolutisme français et proclamer une république bretonne nobiliaire. Capturé et exécuté en 1720, son sacrifice, relaté dans Histoire de la Bretagne de Joël Cornette (2005), reste un symbole de la résistance nobiliaire bretonne face à l’oppression française.
Les Laval et la diplomatie au service de l’indépendance
La maison de Laval, influente par ses alliances avec la noblesse française, a joué un rôle clé dans la préservation de l’autonomie bretonne. En 1420, Guy XIV de Laval, participa à la défense du duché face aux ambitions anglaises et françaises. Lors du traité de Guérande (1381), qui mit fin à la première phase de la guerre de Succession, les Laval négocièrent habilement pour maintenir l’équilibre entre le duché et la couronne de France, comme le note Michael Jones dans Ducal Brittany, 1364-1499 (1970). Leur château de Vitré, véritable forteresse stratégique, servit de refuge aux ducs bretons lors des invasions, symbolisant leur rôle de bouclier de l’indépendance.
Une noblesse parfois divisée, mais toujours essentielle
Il est vrai que la noblesse bretonne n’a pas toujours été unie. Lors de la guerre folle (1485-1488), des familles comme les Rohan et les Laval, séduites par les promesses de pensions françaises, trahirent partiellement François II. Selon Michael Jones, dans The Creation of Brittany (1988), des seigneurs comme Pierre de Rohan-Gié, qui ouvrit le château de Nantes aux Français en 1488, contribuèrent à la chute du duché. Cependant, des figures comme Louis de La Trémoille ou Alain d’Albret, restées fidèles, montrèrent que la noblesse bretonne pouvait encore incarner l’espoir d’une indépendance.
Un appel à l’engagement moderne
Aujourd’hui, la Bretagne compte près de 350 familles issues de l’aristocratie bretonne pour près de 15 000 personnes. Ces familles puisent leur origine dans les heures de l’indépendance de l’État breton, l’ayant défendu les armes à la main contre les Français et leurs menées hostiles. Loin d’être un reliquat du passé, ces familles sont une part vivante de la nation et, depuis l’origine de l’Emsav, nombre d’entre elles, par la contribution intellectuelle de membres éminents, ont oeuvré à la renaissance de la conscience bretonne. Dans une société française étouffée par le nihilisme et la haine de l’enracinement, alors que la submersion migratoire et ses prurits représentent pour la Bretagne une menace existentielle, les aristocrates bretons ont à nouveau un rôle à jouer aux côtés de leurs compatriotes pour sauver notre vieille patrie de la destruction, et redresser le drapeau de l’indépendance nationale.
L’État breton n’aurait rien de commun avec l’État français, hérité de la désastreuse révolution française. Il serait son antithèse et cultiverait le respect dû à ces familles qui ont grandement fait la Bretagne, ont façonné son identité millénaire, ont marqué son histoire. La restauration de l’État breton n’est pas une chimère, mais un projet ancré dans une histoire où notre noblesse a brillé par sa bravoure et sa résilience. De la défense d’Hennebont par Jeanne de Penthièvre à la résistance de Jean de Rieux à Saint-Aubin-du-Cormier, ces braves ont incarné l’âme bretonne. Il ne tient qu’à eux de l’incarner encore. La liberté bretonne les appelle, comme elle appelle tous les Bretons.
Budig Gourmaleon
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