13 décembre 1964 : indépendance de Malte

Malte, archipel méditerranéen stratégique, a connu une histoire marquée par les occupations successives, des Phéniciens aux Chevaliers de Saint-Jean, en passant par les Romains et les Arabes. Au XIXe siècle, elle tombe sous domination britannique, devenant une pièce clé de l’Empire. L’indépendance, obtenue le 21 septembre 1964, représente un tournant majeur, symbolisant la fin d’une ère coloniale et le début d’une nation souveraine.

Contexte Historique

L’histoire moderne de Malte commence avec l’arrivée des Britanniques au début du XIXe siècle. En 1798, Napoléon Bonaparte conquiert l’île aux Chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean, mais les forces françaises capitulent en 1800 face à un blocus britannique et maltais. Le Traité d’Amiens de 1802 prévoyait le retour de Malte aux Chevaliers, mais les protestations locales mènent à la souveraineté britannique, confirmée par les Traités de Paris en 1814-1815. Malte devient alors une colonie de la Couronne, servant de base navale essentielle pour la flotte méditerranéenne britannique.

Au cours du XIXe siècle, l’économie maltaise dépend largement des installations militaires britanniques, centrées sur les chantiers navals. La Guerre de Crimée (1853-1856) et l’ouverture du Canal de Suez en 1869 boostent l’activité économique. Cependant, les Maltais aspirent à plus d’autonomie. Des constitutions sont accordées puis révoquées : en 1921, un gouvernement autonome est instauré sur une base dyarchique, où Malte gère les affaires locales tandis que la Grande-Bretagne contrôle les questions étrangères et militaires. Ce système est suspendu en 1933 en raison de conflits sur la langue officielle – l’italien face à l’anglais – et la colonie revient sous contrôle direct du gouverneur.

Parmi les figures clés de cette période figurent des premiers ministres comme Joseph Howard (1921-1923), Ugo Pasquale Mifsud (1924-1927) et Gerald Strickland (1927-1933), qui naviguent entre réformes et tensions avec l’Église catholique et les autorités britanniques. En 1934, le maltais est déclaré langue officielle aux côtés de l’anglais, résolvant partiellement la « Question linguistique ». Ces oscillations entre autonomie et contrôle colonial forgent un sentiment nationaliste croissant, préparant le terrain pour les luttes postérieures.

La Seconde Guerre Mondiale et l’indépendance

Après la guerre, l’Assemblée nationale de 1946 restaure l’autonomie en 1947 sous le Premier ministre Paul Boffa. Le suffrage universel est étendu aux femmes le 5 septembre 1947, avec Agatha Barbara comme première députée femme. Cependant, les tensions persistent : l’économie reste dépendante des bases britanniques, et les aspirations à l’indépendance s’intensifient. Les années 1950 marquent l’accélération vers la souveraineté. Le Parti travailliste maltais (MLP) de Dom Mintoff prône l’intégration au Royaume-Uni ou l’indépendance, tandis que le Parti nationaliste (PN) de George Borg Olivier favorise l’indépendance avec statut de dominion. En 1955, le MLP remporte les élections, menant aux négociations de la Table Ronde de 1956 à Londres. Une proposition d’intégration offre trois sièges maltais au Parlement britannique et une parité économique.

Le référendum de 1956 sur l’intégration obtient 77 % d’approbation, mais avec un taux de participation de 59 %, boycotté par le PN et l’Église, il est jugé non concluant. En 1958, Mintoff démissionne suite à des licenciements aux chantiers navals, entraînant l’état d’urgence et la suspension de la constitution en 1959. Une constitution intérimaire instaure un Conseil exécutif sous règle britannique.

En 1961, la Commission Blood propose une nouvelle constitution reconnaissant l' »État » de Malte. L’autonomie est restaurée en 1962. Un référendum en 1964 approuve l’indépendance à 54,5 %, menant à la Loi sur l’Indépendance de Malte (1964) par le Parlement britannique.

Le Jour de l’Indépendance et l’Après

Le 21 septembre 1964, Malte devient un État indépendant au sein du Commonwealth, avec Elizabeth II comme reine. George Borg Olivier, leader du PN, devient le premier Premier ministre indépendant. Malte rejoint les Nations Unies le 1er décembre 1964. Cependant, les bases britanniques persistent jusqu’en 1979, marquant la pleine souveraineté.

En 1974, Malte devient une république, avec Sir Anthony Mamo comme premier président, et Dom Mintoff revient au pouvoir, orientant le pays vers une politique non alignée. Les années suivantes voient une diversification économique, loin de la dépendance militaire.

L’indépendance forge l’identité maltaise, célébrée annuellement avec fierté. Elle permet l’adhésion à l’Union européenne en 2004 et à la zone euro en 2008, boostant le tourisme et les services financiers.

L’indépendance de Malte en 1964 illustre la résilience d’un petit archipel face aux puissances impériales. De la résistance en temps de guerre aux négociations politiques, elle pave la voie à une nation prospère qui doit inspirer les patriotes bretons dans leur combat pour la restauration d’un état breton souverain en Europe.

Olier Kerdrel

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By La rédaction

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