Meurtre de Wilhem Houssin : »ils jouaient au foot avec sa tête », jusqu’à 20 ans de prison requis pour les accusés

Au tribunal de Rennes, l’atmosphère est lourde dans la cour d’assises des mineurs, ce jeudi 24 octobre 2024. Le procès des cinq jeunes accusés d’avoir battu à mort Wilhem Houssin, un musicien de 49 ans, touche à sa fin. C’était une journée d’été, le 21 juillet 2021, lorsqu’ils ont croisé la route de Wilhem. Un hasard tragique. Dix secondes ont suffi pour lui ôter la vie.

Ce jour-là, Wilhem Houssin accompagnait une amie venue visiter un appartement près de Rennes. Perdus, ils demandent leur chemin à un groupe de jeunes. En quelques secondes, une explosion de violence s’abat sur Wilhem. Dix secondes de coups, c’est le temps qu’il leur a fallu pour tuer ce père de famille. L’avocate de la famille, Jade Dousselin, ouvre sa plaidoirie en mimant ce terrible décompte : dix secondes pour massacrer un homme qui n’avait rien fait d’autre que poser une question.

Les faits se sont déroulés sous l’œil d’une caméra de surveillance. Un déchaînement de violence, une brutalité qui laisse sans voix. La famille de Wilhem, elle, choisit la dignité pour raconter la vie brisée de cet homme.

Le père de Wilhem prend la parole, ému mais calme : « Je viens sans haine ». Il parle de son fils, cet homme qui souffrait d’une maladie incurable, “la gentillesse”. Son fils n’aurait jamais fait de mal à personne. Avec une voix posée, il dépeint l’horreur des faits : « Ces jeunes jouaient au foot avec la tête de mon fils. Ils criaient pénalty ! ». L’indicible est gravé dans sa mémoire.

Face à la défense qui avait évoqué une consommation excessive de cannabis pour expliquer la violence, le père balaye cette excuse : « Le cannabis rend calme, pas violent », lance-t-il. Puis, il termine : « Notre vie a changé. Il me manque terriblement ».

Le petit frère de Wilhem, Benoît, témoigne à son tour. Il raconte l’homme qui lui a donné ses premières cuillères de compote, celui qui lui a fait aimer le monde : « Wilhem, c’était mon soleil, et ils me l’ont éteint ». Les mots sont simples, mais chargés de douleur.

L’ancienne compagne de Wilhem, mère de leurs enfants, évoque cet « artiste écorché vif » qui ne supportait pas l’injustice. Un homme généreux, qui aurait donné à ces jeunes « sa chemise, son lit pour la nuit, son sourire pour la vie ».

Les enfants de Wilhem, eux aussi, ont pris la parole. Ses fils, Joël et Sacha, l’un âgé de 12 ans au moment des faits, confie : « J’ai tout perdu. J’ai perdu son amour, son humour, sa force. Mais surtout, j’ai perdu mon papa« .

La mère de Wilhem, la voix pleine de retenue, pose une question qui reste sans réponse : « Quand je regarde ces jeunes hommes qui baissent la tête dans le box, je ne sais pas à quoi ils pensent ». Puis, elle ajoute : « Je sais que leur parcours n’est pas simple, mais cela ne leur donne pas le droit de tuer« . Son espoir est que « la justice fasse son travail », même si elle sait bien que »cela ne ramènera pas Wilhem ».

Le procureur a résumé la violence de l’acte, séparant les cinq accusés en deux groupes : les « acharnés » et les « suiveurs ». « Comment, en si peu de temps, peut-on tuer un homme à mains nues ? » questionne-t-il. Wilhem Houssin, bien qu’alcoolisé ce jour-là, était un homme vivant à 15h14, dit-il. « À 15h14mn53, il est un homme gai. Quinze secondes plus tard, son cerveau est inondé de sang, sa mort est inévitable ».

Le procureur rappelle que tous les accusés ont contribué à cette « scène unique de violence ». Pour deux « suiveurs », il demande 9 ans d’emprisonnement, 5 ans pour un troisième. Pour les deux jeunes les plus violents, 20 ans pour l’instigateur de l’acharnement, et 11 ans pour le plus jeune.

Le verdict est attendu ce vendredi 25 octobre 2024 à Rennes. La famille de Wilhem espère que justice sera rendue, même si rien ne pourra apaiser leur douleur.

Source : France 3 Bretagne

By La rédaction

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