La récente pétition contre la suppression des informations en breton sur Ici Breizh Izel aux heures de grande écoute illustre une fois de plus l’hostilité chronique de l’État français envers les langues des peuples sous occupation française, et particulièrement la langue bretonne. Cette décision, qui prive les locuteurs bretons d’un mince accès à l’information dans leur langue maternelle, s’inscrit dans une longue tradition de marginalisation culturelle orchestrée par Paris.
Une politique française d’assimilation forcée
Depuis des siècles, l’État français a mené une politique systématique d’uniformisation linguistique, visant à ériger le français comme seule langue légitime d’un État artificiellement unifié. Cette démarche, héritée de la Révolution française, amplifiée sous la IIIe République et poursuivie jusqu’à nos jours, a marginalisé les langues ethniques, considérées comme des obstacles par l’État français. En Bretagne, cette politique a eu des conséquences dramatiques : l’enseignement du breton a été interdit dans les écoles, les médias publics ont systématiquement négligé la langue, et les locuteurs ont été poussés à l’assimilation. La décision de France Télévisions de réduire la présence du breton aux heures de grande écoute n’est qu’un nouvel épisode de cette guerre culturelle contre notre peuple.
Cette politique contraste vivement avec les approches adoptées ailleurs en Europe. Au Pays de Galles, par exemple, la langue galloise bénéficie d’un statut officiel et d’un soutien massif de la part des médias publics. La chaîne S4C, financée par le gouvernement britannique, diffuse des programmes en gallois 24 heures sur 24, couvrant une large gamme de genres, incluant des informations, des documentaires, des séries télévisées, des émissions pour enfants, et des programmes culturels. Des émissions phares comme Pobol y Cwm, un soap opera quotidien, et des couvertures sportives, notamment du rugby, sport national, contribuent à ancrer la langue dans la vie quotidienne. En 2021, environ 29% de la population galloise déclarait pouvoir parler gallois, une augmentation significative grâce à l’exposition médiatique. S4C a également développé une présence en ligne robuste, avec des contenus accessibles via des plateformes de streaming et des applications.
De même, en Corse, bien que les avancées soient plus récentes, des efforts significatifs ont été faits pour intégrer la langue corse dans les médias. France 3 Corse ViaStella, une déclinaison régionale de France Télévisions, diffuse des bulletins d’information en corse, notamment A Filetta, un journal télévisé bilingue. Des documentaires, des reportages, et des émissions culturelles sont également produits en corse, soulignant des aspects de l’identité corse. RCFM (Radio Corse Frequenza Mora), une station de radio publique, diffuse des programmes en corse, incluant des informations, des débats, et des émissions culturelles, jouant un rôle clé dans la vie quotidienne des locuteurs. Des initiatives locales, comme des webradios ou des plateformes en ligne, complètent l’offre médiatique. La loi Mela de 2015, bien que non reconnue par l’État français, a encouragé une plus grande présence du corse dans les médias, avec des projets comme Paroles de Corse, un magazine diffusé sur ViaStella.
Le rôle crucial des médias publics
Les médias publics sont des outils essentiels pour la préservation et la promotion des langues. Au Pays de Galles, S4C a permis de maintenir le gallois comme langue vivante, en particulier auprès des jeunes, grâce à des contenus modernes et diversifiés. En Corse, bien que les moyens soient plus limités, des initiatives comme France 3 Corse ViaStella et RCFM ont commencé à intégrer la langue corse, répondant aux attentes des locuteurs. En revanche, en Bretagne, l’absence d’un média public dédié au breton, combinée à la décision du gouvernement français de marginaliser la langue, prive les Bretons d’un espace où leur culture peut s’exprimer pleinement.
L’autonomie puis l’indépendance comme solutions
Face à cette situation, il apparaît clair que seule une politique nationaliste, appuyée par l’autonomie puis l’indépendance de la Bretagne, peut renverser la tendance. Un média public breton, financé et géré par les Bretons eux-mêmes, serait le levier indispensable pour assurer la présence de la langue bretonne à la télévision, à la radio, et sur les plateformes numériques. Ce média pourrait s’inspirer des modèles gallois et corses, en adaptant les stratégies numériques et en diversifiant les contenus. L’exemple du Pays de Galles montre que lorsque les locuteurs ont le contrôle de leurs médias, la langue peut non seulement survivre, mais prospérer.
L’indépendance offrirait à la Bretagne les moyens de définir sa propre politique linguistique, libre de l’ingérence parisienne. Elle permettrait de mettre en place des lois protectrices, des incitations financières pour les producteurs de contenu en breton, et des campagnes de promotion linguistique. Sans ces mesures radicales, la langue bretonne risque de continuer à s’éroder.
L’État français, par sa politique de négation culturelle, porte une responsabilité directe dans le déclin de la langue bretonne. Alors que le Pays de Galles et la Corse montrent des voies alternatives, où les médias publics jouent un rôle central, la Bretagne reste à la traîne. Seule une autonomie, puis une indépendance, accompagnée d’un média public breton, peut offrir une solution viable. Il est temps pour les Bretons de réclamer leur droit à une identité culturelle pleine et entière.
Riwanon Tudual
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