Une interdiction controversée pour Bretagne Réunie au Festival Interceltique de Lorient 2025

Le Festival Interceltique de Lorient (FIL), véritable institution bretonne depuis 1971, est un rendez-vous incontournable pour célébrer les cultures celtiques. Chaque année, la Grande Parade des Nations Celtes, rassemblant des milliers de musiciens, danseurs et spectateurs dans les rues de Lorient, incarne l’esprit de fraternité et de liberté celtiques de cet événement. Pourtant, en 2025, une décision fait scandale : le comité local de Lorient de l’association Bretagne Réunie se verrait interdit de défiler avec sa banderole emblématique « Nantes/Loire-Atlantique en Bretagne », une première depuis 2017. Cette interdiction, survenant sous la présidence de Jean-Paul Kihl, ancien élève de Saint-Cyr et ancien sous-préfet, soulève une question brûlante : son passé de haut fonctionnaire français explique-t-il cette censure ? Retour sur une affaire qui secoue l’opinion bretonne.

Une tradition brisée : l’interdiction de la banderole

Depuis des années, Bretagne Réunie, qui milite pour la réunification de la Bretagne, participe à la Grande Parade du FIL, brandissant sa banderole « Nantes/Loire-Atlantique en Bretagne ». Ce message, porté par le comité local « Bro an Oriant », symbolise l’aspiration à restaurer l’intégrité historique et culturelle de la Bretagne, amputée de son cinquième département par le décret de Vichy en 1941. Lors des éditions précédentes, comme en 2016 ou 2023, la banderole a été chaleureusement applaudie par des dizaines de milliers de spectateurs, témoignant d’un large soutien populaire.

Pour l’édition 2025 du FIL, prévue du 1er au 10 août, une rumeur persistante, relayée par des militants, indique que le comité de Lorient serait interdit de défiler avec cette banderole. Cette décision marque une rupture avec la tradition et constitue une première depuis 2017, année où des tensions similaires avaient émergé. En 2016, la préfecture du Morbihan avait tenté d’interdire la banderole, invoquant l’état d’urgence, mais les militants avaient défilé, soutenus par la foule. En 2015, ils avaient été exclus du stade du Moustoir sur ordre d’un sous-préfet, une mesure dénoncée comme une atteinte à la liberté d’expression.

Jean-Paul Kihl : un président au profil controversé

L’annonce de cette interdiction a immédiatement suscité des spéculations sur ses motivations, pointant du doigt le président du FIL, Jean-Paul Kihl, élu le 16 décembre 2022 lors de l’assemblée générale du festival, comme rapporté par Ouest-France. Âgé de 72 ans en 2022, Jean-Paul Kihl est un haut fonctionnaire français au parcours marqué par une carrière militaire et administrative : ancien élève de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, il a suivi une formation d’officier, signe d’un engagement dans la hiérarchie militaire française. Il a occupé des postes de sous-préfet dans plusieurs départements français, incarnant l’autorité de l’État central. Il a également exercé des responsabilités dans des cabinets ministériels et des institutions publiques, comme le secrétariat général de la région Lorraine.

Jean-Paul Kihl n’est pas breton d’origine. Bien qu’il ait été choisi comme candidat soutenu par la mairie socialiste de Lorient, son absence de racines bretonnes alimente les critiques de certains militants, qui y voient un manque de sensibilité aux aspirations culturelles et historiques de la Bretagne. Ce profil, ancré dans les institutions étatiques françaises, suscite des interrogations : l’interdiction de la banderole reflète-t-elle une volonté de Jean-Paul Kihl de neutraliser une revendication bretonne jugée sensible par l’État ? Les militants de Bretagne Réunie, comme en 2016, dénoncent une possible censure politique, orchestrée par un président dont la carrière est liée au centralisme français.

Une censure incompatible avec l’esprit du FIL

Cette interdiction, si confirmée, est d’autant plus choquante que le FIL se présente comme un espace de liberté et de célébration des identités celtiques. Fondé en 1971 par le nationaliste breton Polig Monjarret, le festival promeut la culture bretonne, tout comme celle des nations celtes. Des figures comme Glenmor, barde militant, y ont défendu une Bretagne libre et fière.

Interdire la banderole « Nantes/Loire-Atlantique en Bretagne » semble trahir les valeurs fondatrices du FIL. Comme l’écrivait un internaute en 2016 : « Pourquoi interdire cette banderole ? Nantes, qu’on le veuille ou non, fait partie de notre Bretagne ! » Sous la présidence de Jean-Paul Kihl, le festival risque d’être accusé de céder à des pressions extérieures, notamment gouvernementales, comme en 2015, ou de refléter une vision française incompatible avec l’esprit interceltique.

Une mobilisation en perspective

Face à cette interdiction, les militants de Bretagne Réunie ne comptent pas baisser les bras. En 2016, des appels à la désobéissance civile avaient circulé, certains proposant de « passer outre » l’interdiction. « Cette interdiction viole les droits civiques les plus élémentaires », écrivait un militant. En 2025, une mobilisation massive est envisagée, avec des appels à brandir des drapeaux Gwenn ha Du et à scander des slogans pour la réunification lors de la Grande Parade du 3 août 2025. Le comité de Lorient pourrait également tenter de négocier avec les organisateurs, comme en 2015, lorsque le directeur artistique Lisardo Lombardia avait autorisé leur présence.

Un combat pour la Bretagne réunifiée

Cette affaire ravive le débat sur la réunification de la Bretagne. La Loire-Atlantique, avec Nantes comme capitale historique, reste un symbole fort. Comme le soulignait Alan-Erwan Coraud, co-président de Bretagne Réunie, en 2023 : « C’est une revendication légitime et démocratique de réunifier la Bretagne. » Le FIL, attirant près de 900 000 visiteurs, est une tribune unique pour sensibiliser un public international.

Paradoxalement, l’interdiction pourrait renforcer la détermination des militants. En 2022, un membre de Bretagne Réunie criait « 5 ! » pour les cinq départements bretons, un geste applaudi par la foule. En 2025, cette banderole interdite pourrait devenir un symbole de résistance, amplifiant la visibilité de la cause.

Un défi pour le FIL et Jean-Paul Kihl

L’interdiction de la banderole « Nantes/Loire-Atlantique en Bretagne » lors de la Grande Parade 2025 serait un coup dur pour Bretagne Réunie et pour l’esprit de liberté du FIL. Cette décision, si elle se confirme, risque de transformer la Grande Parade en un théâtre de contestation, où la Bretagne réunifiée résonnera plus fort que jamais.

Budig Gourmaelon

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By La rédaction

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