Le militantisme politique breton, comme d’autres mouvements identitaires, a été porté par une vague post-1968 de contestation des centralismes étatiques bourgeois et une quête de retour aux racines culturelles. Ces mouvements identitaires ont su mobiliser des militants autour de la défense de la langue bretonne, de l’autonomie, ou d’une identité culturelle forte. Ces mouvements s’inscrivaient dans une époque où l’engagement collectif était valorisé, souvent en opposition à un État français oppressif.
Une ère hyper-individualiste
À partir des années 2000, les sociétés de consommation occidentale ont de plus en plus valorisé l’épanouissement individuel et les loisirs au détriment des engagements collectifs à long terme. Le militantisme traditionnel, qui demande du temps, de la discipline, et un sacrifice personnel, a progressivement été perçu comme contraignant et inutile. Les individus ont de plus en plus privilégié des formes d’engagement ponctuelles et symboliques qui ne nécessitent aucun effort réel (partage sur les réseaux sociaux, pétitions en ligne).
Une société hédoniste bâtie sur le divertissement
En 2025, les divertissements personnels (streaming, jeux vidéo, réseaux sociaux) occupent une place centrale dans la vie quotidienne. Ces activités, accessibles et immédiates, entrent en compétition avec l’engagement militant, qui demande un investissement émotionnel et temporel important. Les priorités individuelles (famille, loisirs, carrière) prennent le pas sur les causes collectives. Il suffit de mesurer une froide réalité : la dernière manifestation en faveur de la langue bretonne a réuni 1000 personnes à Rennes tandis que Landerneau réunissait 3000 personnes déguisés en « Schtroumps » pour établir un « record ». Cette déchéance morale est le reflet funeste d’une société bretonne arrivé au stade final de cette aliénation collective.

Chute de l’attention
Lorsque des personnes semblent vouloir s’engager, on observe fréquemment une rapide baisse d’intérêt. Les individus s’enthousiasment très vite pour une cause, mais leur engagement s’essouffle face aux contraintes pratiques ou lorsqu’ils ne voient pas de résultats immédiats. Ce phénomène est amplifié par les réseaux sociaux, où l’adhésion à une cause est performative et spectaculaire (liker, partager) sans se traduire par une action concrète impliquant un réel investissement personnel.
Sidération et apathie
La gravité des problèmes que nous affrontons (immigration, insécurité, disparition de la langue bretonne, etc.) peut paradoxalement décourager l’engagement. Face à des enjeux perçus comme écrasants ou insolubles, beaucoup adoptent une posture d’évitement ou d’apathie, préférant se recroqueviller sur des aspects de leur vie privée qu’ils peuvent contrôler. Ce phénomène, parfois appelé « sidération », est amplifié par la surabondance d’informations alarmantes dans les médias.
Manque de gratification immédiate
Le militantisme politique, surtout dans un cadre nationaliste comme celui du Parti National Breton, offre peu de récompenses immédiates, contrairement aux grands partis établis dont la médiatisation peut satisfaire des individus en recherche de reconnaissance. Les individus contemporains sont désormais habitués à des gratifications rapides (notifications, likes, buzz, monétisation), et peuvent se décourager face à un engagement qui demande de la patience et des efforts soutenus avant d’obtenir des résultats tangibles.
Peur du stigma social
Adhérer à un parti nationaliste, même régional, peut être perçu comme risqué socialement ou professionnellement. La crainte d’être étiqueté comme extrémiste ou marginal peut dissuader des sympathisants potentiels, surtout parmi les jeunes générations sensibles à leur image publique.
La dépolitisation est un luxe
La dépolitisation, sur fond d’individualisme exacerbé, est un obstacle majeur à la mobilisation militante et un amplificateur des menaces qui pèsent sur la Bretagne. Ses conséquences sont potentiellement désastreuses : perte de l’identité bretonne, marginalisation économique et sociale, aggravation des périls (immigration, insécurité, islamisation, etc.) et un affaiblissement des aspirations bretonnes, notamment culturelles et linguistiques. C’est un luxe que seule une société hédoniste reposant sur une abondance matérielle peut se permettre. L’effondrement démographique actuel et ses conséquences, notamment l’implosion du système social et l’immigration de remplacement, rendra obsolète à moyen terme une telle culture de l’indifférence.
La dépolitisation n’est pas irréversible, mais elle ne prendra fin que lorsque la crise aura atteint un niveau où les individus ne pourront plus botter en touche. Le courage et le sens du devoir ne seront plus optionnels, mais une question de survie. Entretemps, le m’en-foutisme généralisé qui prévaut au sein des masses aura créé les conditions d’un désastre civilisationnel d’une ampleur inédite dans l’histoire de la Bretagne, mais aussi des sociétés européennes. Les lendemains déchanteront.
Budig Gourmaleon
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