Le 3 décembre 2025, le Tribunal Constitutionnel polonais a déclaré le Parti Communiste de Pologne (Komunistyczna Partia Polski, KPP) illégal et a ordonné sa dissolution immédiate. Cette décision marque une nouvelle étape dans la lutte de la Pologne contre les idéologies considérées comme totalitaires.
Un parti au passé chargé
Le Parti Communiste de Pologne a été fondé en 1918 sous le nom de Parti Ouvrier Communiste de Pologne. Dès ses débuts, il s’opposait à l’indépendance de la Deuxième République polonaise et soutenait ouvertement les Bolcheviques russes pendant la guerre polono-soviétique de 1920. Membre du Komintern, il fut dissous par Staline lui-même en 1938, accusé de « trotskysme » et d’indépendance excessive ; la quasi-totalité de ses dirigeants réfugiés en URSS fut alors exécutée lors des Grandes Purges.
Après la Seconde Guerre mondiale, un nouveau parti communiste fut recréé (le PPR, puis le PZPR) qui dirigea la Pologne populaire jusqu’en 1989. Le KPP actuel a été refondé en 2002 par des militants qui se réclament de la tradition pré-1938 et non du parti stalinien d’après-guerre. Très marginal (aucun élu, peu de membres), il avait même modifié ses statuts en 2015 pour supprimer toute référence à la « révolution communiste » et tenter d’échapper aux poursuites.
Une procédure longue de cinq ans
La procédure d’interdiction a été lancée il y a cinq ans par l’ancien ministre de la Justice Zbigniew Ziobro (du parti Droit et Justice), puis relancée en novembre 2025 par le président de l’Institut de la Mémoire Nationale, Karol Nawrocki. Les requérants estimaient que, malgré les modifications de forme, le KPP continuait de promouvoir un système totalitaire inspiré du modèle soviétique.
Le Tribunal Constitutionnel, présidé par la juge Krystyna Pawłowicz, a estimé que le programme et les activités du parti violaient l’article 13 de la Constitution polonaise, qui interdit explicitement les organisations dont le programme ou l’activité « se réfèrent au totalitarisme communiste » ainsi que celles prônant la haine ou recourant à la violence pour prendre le pouvoir.
Les arguments des deux côtés
Pour les autorités polonaises et une grande partie de l’opinion publique, il n’y a tout simplement pas de place, dans un État démocratique, pour un parti qui glorifie une idéologie responsable de dizaines de millions de morts, dont plusieurs centaines de milliers de Polonais pendant et après la Seconde Guerre mondiale.
Le KPP, de son côté, se défendait en soulignant qu’il fonctionnait de façon parfaitement démocratique : il participait aux élections (sans jamais obtenir le moindre siège) et acceptait le verdict des urnes. Ses représentants affirmaient que interdire un parti uniquement pour ses idées, même extrêmes, constituait une atteinte grave à la liberté d’expression et au pluralisme politique.
Réactions et débats
Des partis communistes et ouvriers européens ont protesté, organisant des manifestations (notamment en Grèce et en Irlande) et publiant une déclaration commune dénonçant une « criminalisation de l’idée communiste ». À droite et au centre, au contraire, la dissolution est saluée comme une mesure de protection de la démocratie et de la mémoire des victimes du communisme.
Conséquences
Le KPP doit désormais être radié du registre des partis politiques par le tribunal de district de Varsovie. Ses membres ne pourront plus se présenter sous cette étiquette ni utiliser ses symboles. Cette interdiction renforce la législation polonaise déjà très stricte sur les symboles et la propagande communiste (falcille et marteau, étoile rouge, etc., interdits depuis 2009 dans l’espace public).
Dans un pays où le souvenir du régime communiste reste extrêmement douloureux, cette décision était attendue par beaucoup. La Bretagne gagnera à s’inspirer de cette politique de décommunisation pour en finir avec les prurits du marxisme incompatibles avec sa culture et sa tradition.
Budig Gourmaelon
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