Kanaky : toute défaite de l’Etat français est une victoire pour la Bretagne et son identité (Editorial)

Le soulèvement du peuple kanak a plongé l’Etat français dans une crise dont les implications vont bien au delà de la Kanaky. Cette crise résulte de la violation de l’accord moral qui existait entre l’Etat français, engagé dans un processus de décolonisation depuis 1988, et la nation kanak.

Cette violation est commandée par une pression grandissante sur les dernières positions de l’impérialisme français, un sentiment d’urgence s’étant emparé des dirigeants français face à son reflux en Afrique de l’Ouest et au Proche-Orient, mais aussi face à la logique de bloc dictée par les puissances américaine et chinoise qui divise de plus en plus le Pacifique.

Brutalement évincée du Mali, du Niger et du Burkina Faso après ses échecs en Syrie et en Libye, la France a vu sa stratégie d’ingérence dans le Pacifique être stoppée par les Etats-Unis en 2021 lorsque Washington a mis son veto sur le contrat de vente de sous-marins à l’Australie. Face à la montée en puissance de la Chine, la France escomptait découpler partiellement l’Australie de l’Amérique au plan stratégique et, en formant un groupe autonome quoique allié aux USA, créer un espace dans le Pacifique entre la Chine et l’Amérique où l’impérialisme français pourrait avancer ses pions.

L’autre volet de cette stratégie consistait à prétendre offrir une « aide » face au « changement climatique » à des nations insulaires pauvres, comme le Vanuatu ou la Papouasie, et obtenir, grâce à cette corruption qui ne dit pas son nom, un appui diplomatique pour les diverses initiatives françaises dans la région. Mais pour s’adresser aux nations océaniennes, très sensibles à la cause kanak en tant que peuples libérées de la colonisation européennes, la France devait solder la question de la Nouvelle-Calédonie pour s’assurer de ne pas être prise à revers dans son précarré colonial. En prenant le parti ouvert des colons français de Nouméa, l’Etat français est donc passé en force et proclamer, sans l’avis du peuple kanak, la relance du processus de colonisation.

Discours d’Emmanuel Macron annonçant la recolonisation de la Kanaky

Face à cette provocation, les Kanaks ont réagi avec force et ciblé le parti colonial sur l’île, ce à quoi le régime colonial français a riposté par une traditionnelle politique de pacification sauvage, déployant l’armée française, elle-même appuyée par des bandes de colons français que Paris avait armés à dessein ces derniers temps pour écraser la nation kanak. Pas moins de 100,000 armes circulent ainsi sur l’île.

Milices coloniales françaises à Nouméa

Déjà évincée de ses anciennes zones d’influence, le Pacifique, désormais centre de l’économie mondiale, est un espace où la France tente désespérément de maintenir une présence pour faire croire à l’illusion de la puissance. Sa stratégie s’est transformée en campagne de pacification coloniale au beau milieu du 21e siècle, un désastre qui aura tôt fait de l’isoler vis-à-vis des nations de l’Asie-Pacifique qui n’ont pas oublié la sauvagerie du colonialisme français, notamment en Indochine.

Tôt ou tard, la Chine et les USA, tous les deux historiquement hostiles au colonialisme européen, s’assureront que la France rentre dans le rang. Pour la Chine, se présenter dans l’Asie-Pacifique en garante des droits des nations libérées du colonialisme est un angle cardinal de sa diplomatie, tandis que les USA veilleront à ne pas être associés par la propagande chinoise aux vestiges du colonialisme européen. Déjà privée de l’appui australien, la France se retrouve isolée, acculée, même si, selon l’attitude traditionnelle des Français arrogants, consentir à la défaite ne se fera pas sans un désastre final, certainement appuyés par tous ceux qui veulent liquider cet intrus qui a trop longtemps semé le désordre dans le Pacifique.

Comme le disait le diction révolutionnaire irlandais, « French difficulties, Breton opportunities ». Pour la première fois depuis très longtemps, un soulèvement séparatiste, de forme anticoloniale, s’est formée contre l’Etat français à un tournant décisif pour l’impérialisme français au plan global. Pour la Bretagne nationale, la position a été d’évidence dès le début : un soutien ferme à la cause révolutionnaire de la nation kanak face à la république française, au système français, non seulement pour des raisons politiques, mais aussi pour des raisons de principes.  L’Etat français, engagé dans la destruction de la nation bretonne depuis notre annexion, ne se maintient partout que grâce à un système à détruire les nations qu’elle occupe. C’est cet état qui organise la colonisation de peuplement en Bretagne même afin de s’y maintenir, tout comme en Kanaky. Tout échec de cet état renforce les positions de la Bretagne nationale dans sa propre lutte pour l’indépendance et la préservation de son identité.

L’attitude révolutionnaire ne doit donc pas varier : partout où la république française fait face à un adversaire, cet adversaire trouvera chez les patriotes bretons des amis. Il s’agit de la position historique de l’Emsav et cette position n’a pas de raison de varier, jusqu’à la victoire finale des Bretons contre la France qui les occupe.

Ewen Broc’han

 

 

 

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By La rédaction

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