Dans un entretien accordé au média français L’Express, le Canadien Fernand de Varennes, ancien rapporteur de l’ONU pour les minorités de 2017 à 2024, a sévèrement critiqué la France pour les discriminations systémiques dont sont l’objet les peuples de l’Hexagone.
« Dans le domaine linguistique, elle porte atteinte à la liberté d’expression et multiplie les mesures discriminatoires à l’égard de ses minorités linguistiques » tranche sans faux semblants M. de Varennes.
Interrogé sur l’utilisation de l’article 2 de constitution de la 5ème République pour poursuivre sa campagne de destruction linguistique, M. de Varennes répond tout aussi clairement, soulignant l’hypocrisie de la classe dirigeante française : « Que le français soit la langue de la République est une chose. Mais, dans la plupart des pays, l’existence d’une langue nationale n’entraîne pas l’exclusion complète des autres langues. Considérer que l’article 2 interdit l’utilisation de toute autre langue est une interprétation qui nous semble déraisonnable et disproportionnée – et donc probablement discriminatoire en droit international. Au demeurant, l’article 2 ne dit pas que le français est la « seule » langue de la République. Et je rappelle que cette phrase a été ajoutée en 1992 afin de contrecarrer l’influence grandissante de l’anglais, et de l’anglais exclusivement. Il est donc ironique de constater que le Conseil constitutionnel l’utilise aujourd’hui pour limiter l’utilisation des langues régionales alors que l’anglais semble avoir libre cours en France. »
Lorsqu’elle est dénoncée au niveau international, cette politique d’éradication suscite le silence cynique de l’État français. « La France n’a jamais répondu. Silence radio ! » tonne le Canadien qui cite les autres états européens en exemple : « Voyez l’Italie. Dans la province germanophone du Haut-Adige, on peut avoir accès à l’éducation et à certains services publics en langue allemande. En Belgique, pays à majorité flamande, des mesures sont prises en faveur des langues minoritaires que sont le français et l’allemand. Le Royaume-Uni protège l’irlandais, le gallois et l’écossais. Dans le nord de l’Allemagne, il est possible de recevoir un enseignement bilingue en danois et en allemand ».
Fernand de Varennes dénonce le double-standard qui prévaut face à l’anglais pourtant théoriquement visé par l’article 2 de la constitution : « Des grandes écoles et des universités françaises proposent des masters uniquement en anglais alors qu’il n’en existe pas à ma connaissance exclusivement en corse ou en breton. La préfecture de police propose également des documents en langue anglaise à destination des touristes. Cela ne me gêne pas, mais pourquoi ne pas faire la même chose en occitan ou en alsacien ? Pourquoi favoriser toujours l’anglais au détriment des langues de France ? ».
Enfin, M. de Varennes pointe l’isolement croissant de l’État français. « Sous la Révolution, certains ont cru qu’elles étaient les ennemies des idées nouvelles. Mais nous sommes en 2024 ! Peut-être serait-il temps de reconnaître que cette analyse était erronée et que les droits humains ont évolué depuis le XVIIIe siècle. Ce serait du reste l’intérêt de la France, car la négation des droits des minorités linguistiques représente une tache sur son image. »
Ces déclarations permettent de constater l’état d’isolement croissant de la France. Vieille puissance impérialiste, la France jacobine est engagée dans une radicalisation idéologique qui est guidée depuis plus de 30 ans par l’effondrement de l’influence française. Prétendant vouloir et pouvoir endiguer l’influence du monde anglophone, victorieux après des siècles de confrontation, ce sont des ennemis intérieurs bien plus à sa portée qui ont été méthodiquement ciblés par l’État français : les peuples breton, basque, corse, alsacien, entre autres.
Toutefois, l’État français ne peut mener cette politique d’éradication ethno-culturelle que grâce à l’apathie des peuples visés. En dernière instance, un peuple qui consent à son statut colonial ne peut se plaindre d’être traité en tant que tel. La seule réponse est l’engagement politique pour la défense des droits nationaux des peuples occupés et opprimés par l’État français.
Ewen Broc’han
Je veux que l’état France parte de la bretagne qu’elle retire son armée