La Bretagne, une économie trop longtemps tournée vers l’Est

Depuis des décennies, la Bretagne souffre d’une mise en dépendance économique envers le reste de la France, notamment vers l’Est, qui nuit à son développement autonome et à sa prospérité. Si la Bretagne, nation à la forte identité historique et culturelle, semble avoir tout pour être un acteur économique puissant, elle reste sous l’emprise d’un modèle centralisé et colonial qui brise son potentiel. Ce modèle est à revoir, car l’économie bretonne a été trop longtemps reléguée au rôle de simple périphérie de l’Hexagone, orientée principalement vers Paris et l’industrie du reste de la France. Le temps est venu de s’affirmer et de redonner à la Bretagne les clefs de son avenir économique.

Un modèle économique qui exclut la Bretagne.

L’économie bretonne est marquée par une relation de dépendance vis-à-vis des grandes métropoles françaises, en particulier Paris. En 2018, une étude de l’INSEE montrait que 60 % des exportations bretonnes étaient orientées vers d’autres régions françaises, dont près de la moitié vers l’Île-de-France. De même, plus de 50 % des investissements étrangers en Bretagne sont orientés vers des secteurs déjà dominés par des multinationales françaises. Cette situation montre une forte dépendance de la Bretagne vis-à-vis du marché intérieur français, au détriment de son autonomie économique.

Les secteurs clés de l’économie bretonne, tels que l’agroalimentaire, la pêche, ou encore l’industrie, sont largement façonnés par des grandes entreprises françaises, souvent basées à Paris. Or, ce modèle de dépendance économique empêche la Bretagne de prendre pleinement son envol, de diversifier ses activités et d’investir dans des secteurs innovants qui ne sont pas seulement tournés vers le marché national, mais aussi vers l’international, notamment vers l’Angleterre, l’Espagne ou encore les États-Unis.

Le marché européen et international : des horizons négligés

La Bretagne, de par sa situation géographique, est bien plus qu’une simple région d’Europe, périphérique de la France. Elle est un carrefour stratégique entre l’Europe et l’Amérique, avec des ports comme celui de Brest ou de Saint-Malo qui sont sous-exploités par rapport à leur potentiel. En particulier Brest, qui dispose d’une géographie sans égal pour le commerce international. Si Brest disposait d’infrastructures adaptées, elle serait de manière évidente, dans les trois premiers ports européen ! Mais l’État français a préféré, en faire une ville militaire… Selon la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bretagne, les exportations bretonnes représentent seulement 10 % du total des exportations hexagonales, bien en-dessous de ce que pourrait espérer un territoire aussi bien situé. De plus, la Bretagne dispose d’une main-d’œuvre qualifiée, d’un réseau d’enseignement supérieur et de recherche de qualité, mais ces atouts sont bien souvent sous-utilisés par un modèle économique trop orienté vers l’Est et vers Paris.

La question des infrastructures est également centrale. La Bretagne est mal desservie par les grands axes de communication, ce qui empêche l’ouverture naturelle du pays, vers l’Europe et l’international. Le TGV Paris-Brest, par exemple, est plus un vecteur de centralisation qu’un véritable atout pour renforcer l’ancrage breton dans l’économie mondiale. En favorisant la coopération avec les pays voisins comme l’Angleterre, l’Irlande et l’Espagne, la Bretagne pourrait renforcer ses secteurs traditionnels comme l’agroalimentaire, tout en développant de nouvelles industries dans les domaines de la technologie et de la pêche.

De plus, une véritable politique autonome des pouvoirs économiques permettrait à la Bretagne de mieux s’adapter aux défis contemporains, d’encourager les initiatives locales et de soutenir la création d’entreprises locales à forte valeur ajoutée. La Bretagne ne doit plus être une simple « région » de passage ou de production pour la France, mais un acteur à part entière, pour lui et la scène internationale.

Un chemin vers l’avenir

La Bretagne a tout ce qu’il faut pour être un pays prospère et autonome. Avec une économie tournée vers l’Ouest et le monde, elle pourrait non seulement renforcer son tissu économique, mais aussi participer activement à la construction d’une Europe des nations. C’est à travers une nouvelle vision de son avenir, fondée sur son indépendance économique et un partenariat égalitaire avec les autres nations, que la Bretagne pourra enfin se libérer des chaînes d’une économie trop longtemps tournée vers l’Est et soumise au modèle français.

La Bretagne doit regarder au-delà de Paris et s’affirmer comme une puissance économique nationale, car sa richesse ne réside pas seulement dans son passé, mais aussi dans son potentiel à réinventer son avenir.

Ronan Morvan

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By La rédaction

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