Hiroshima, Nagasaki et la justice des vainqueurs

Les bombardements atomiques de Hiroshima et de Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, qui ont annihilé environ 140 000 et 74 000 vies, presque intégralement civiles, sont des crimes de guerre. Pour la première fois, par la menace explicite du génocide nucléaire, un État, les États-Unis, employa la terreur de masse pour écraser une nation à laquelle elle avait de facto déclaré la guerre en décrétant un embargo total en 1941, un casus belli au terme des lois de la guerre. Ces actes, en violation des conventions internationales prohibant les attaques indiscriminées contre des non-combattants, n’ont jamais été jugés. Les procès de Nuremberg et de Tokyo, orchestrés par les Alliés pour condamner les crimes, réels ou allégués, des vaincus, incarnent une justice biaisée, révélant l’hypocrisie démocratique qui, sous couvert de moralité universelle, s’exonère de ses propres atrocités.

Une justice de vainqueurs

Carl Schmitt, dans son ouvrage La Notion de politique et ses écrits sur le droit international, dénonce la guerre démocratique comme un outil de légitimation. Pour Schmitt, les démocraties modernes transforment la guerre en croisade morale, prétendant défendre des valeurs universelles (liberté, justice, humanité) pour masquer leurs objectifs politiques et économiques. Les bombardements de Hiroshima et Nagasaki en sont l’illustration parfaite : les États-Unis, en invoquant la nécessité de « sauver des vies » par la fin rapide de la guerre, ont justifié l’anéantissement de populations civiles entières à l’échelle industrielle. Cette rhétorique, que Schmitt qualifie de « discrimination morale », transforme l’ennemi en criminel absolu sorti du champ de l’humanité, tandis que le vainqueur s’érige en juge suprême de ses adversaires, exempt lui-même de toute responsabilité face à ses actes.

Les procès de Nuremberg et de Tokyo incarnent cette logique. Les dirigeants allemands et japonais vaincus ont été condamnés pour des « crimes contre l’humanité », mais les Alliés vainqueurs, responsables de massacres à grande échelle comme ceux de Hiroshima, Nagasaki ou de Dresde, n’ont jamais été inquiétés. Cette justice sélective n’a jamais été une quête d’équité, mais une arme pour consolider l’hégémonie des vainqueurs au nom d’une morale qu’ils prétendent « universelle ». En se parant de l’universalisme démocratique, les Alliés ont réécrit l’Histoire, faisant des procès un spectacle où seuls les vaincus sont coupables. Cette hypocrisie révèle la nature de la guerre démocratique : un conflit où la prétendue justice universelle sert à légitimer la violence des puissants tout en criminalisant l’ennemi de l’heure.

Les patriotes bretons, victimes de l’hypocrisie française

L’histoire des nationalistes bretons pendant la Seconde Guerre mondiale reflète cette même logique mensongère. Alors que la France de Vichy, un État, collaborait activement avec l’Allemagne de 1940 à 1944, certains patriotes bretons, portés par l’idéal d’une Bretagne souveraine et inspirés par l’exemple des Irlandais en 1916, ont vu dans une alliance avec l’Allemagne une opportunité de briser l’emprise française. Ces patriotes n’agissaient pas par opportunisme personnel, ni pour préserver des prébendes d’avant-guerre, mais par conviction bretonne : ils voulaient protéger leur pays face à une double menace existentielle, le communisme et le jacobinisme républicain, son précurseur, deux forces qu’ils associaient à l’effacement de la Bretagne.

Après la guerre, la France, autoproclamée victorieuse grâce au putsch gaullo-communiste, et ce malgré ses années de collaboration, a jugé ces Bretons, simples citoyens, avec une sévérité impitoyable que la plupart des cadres de l’État Français n’eut pas à affronter. Les procès truqués de l’épuration, menés dans un climat de vengeance politique, ont réduit ces Bretons à des traîtres, occultant leurs motivations profondes. Comment ces Bretons auraient « trahi » un État qui n’était pas le leur, et ce alors qu’ils servaient une patrie que ne reconnaissait pas la France occupée à réécrire sa propre histoire ?

Leur combat, loin d’être une simple collaboration, était une révolte légitime qu’avaient emprunté toutes les nationalités d’Europe, des Baltes en passant par les Finlandais et les Ukrainiens, mais aussi les Croates et de nombreuses autres. Ces nationalités ont depuis triomphé, se libérant du marxisme soviétique et de l’occupation étrangère, devenant des États libres à part entière en Europe. Là où ces nationalités l’ont emporté, la Bretagne demeure une nation occupée, niée, et insultée par une histoire officielle française qui continue de délégitimer les vaincus à son profit. La mémoire des patriotes bretons, salie par cette France cynique et hypocrite, mérite, au titre de la justice, d’être réhabilitée comme celle d’hommes et de femmes ayant agi pour le salut de leur nation, fidèles à l’idéal breton.

Olier Kerdrel

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By La rédaction

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