Le festival Breizh A Live, qui s’est tenu récemment à Carhaix, a marqué les esprits par son succès, attirant un public nombreux dans une ambiance festive et militante. L’événement a dépassé toutes les attentes, au point que les infrastructures de la ville de Karaez se sont révélées trop petites pour accueillir la foule enthousiaste à laquelle des militants du PNB se sont mêlés pour l’occasion.
Une conférence au cœur de la défense du breton
Le point de départ de la journée était une conférence dédiée à l’enseignement de la langue bretonne et à la formation des enseignants, un sujet crucial pour les militants de la cause bretonne. Les discussions ont réuni des représentants d’institutions phares comme Diwan, la Redadeg, ainsi que d’autres acteurs engagés dans la promotion du breton. La conférence a abordé les défis structurels de l’enseignement du breton. Un moment marquant fut l’intervention passionnée d’un ancien qui, s’exprimant en breton, a reproché aux intervenants de ne pas utiliser davantage la langue lors des débats. Cette critique, jugée légitime, a donné lieu à une réponse nuancée : l’usage du français était nécessaire pour s’adresser à un auditoire varié, composé de bretonnants et de non-bretonnants. Cette conférence a mis en lumière une problématique récurrente : le breton reste marginal dans le système éducatif.
Les filières bilingues peinent à créer une dynamique, et dans les écoles publiques, l’exposition à la langue bretonne est quasi inexistante, laissée à la discrétion des mairies et des établissements scolaires. Les militants ont dénoncé l’inaction des institutions hexagonales, malgré l’adoption d’une loi visant à protéger les langues dites « régionales ». Les débats ont aussi porté sur des propositions concrètes, comme l’obligation pour les collectivités de signer la charte Ya d’ar brezhoneg, qui engage à promouvoir le breton, ou la généralisation des actions en justice pour faire respecter les droits linguistiques. Le ton, loin d’être défaitiste, était revendicatif, porté par une colère légitime et constructive.
Toutefois, les limites du débat ont rapidement été atteintes. Les intervenants n’envisagent la question de la langue bretonne que dans le cadre étatique français, tentant de réaliser la quadrature du cercle : comment empêcher la disparition de la langue bretonne dans un système politique et institutionnel étranger intégralement constitué pour l’éradiquer ? C’est là le résultat de la dépolitisation générale de la Bretagne, c’est-à-dire de l’absence d’une conscience nationale forte et organisée politiquement. Tant que l’ensemble des acteurs du mouvement linguistique persistent dans l’apolitisme, donc, de fait, dans la soumission à l’État français, rien ne pourra fondamentalement changer. La question linguistique s’inscrit naturellement dans celle plus large des droits politiques de la nation bretonne, ce qui pose la question de la confrontation avec l’État français comme puissance étrangère et aliénante. Faute d’un front nationaliste fort, le mouvement linguistique breton est foncièrement désarmé, incapable de répondre au rapport de force imposé par Paris et devant recourir à une position obséquieuse vis-à-vis de l’État français dans l’espoir d’obtenir quelques maigres concessions. Ce non-dit a transparu tout au long des échanges de la journée.
Une journée festive pour célébrer la culture bretonne
Au-delà de la conférence, Breizh A Live a vibré au rythme de la langue bretonne. La journée festive, marquée par une forte participation d’enfants jouant et courant joyeusement, a mis à l’honneur des artistes bretons. Le programme musical a été un succès, avec des concerts mêlant groupes traditionnels et modernes, dans une ambiance qui a séduit un public intergénérationnel. Breizh A Live ne se limitait pas à une célébration culturelle : l’événement visait à mobiliser pour la survie et la promotion du breton.
Budig Gourmaelon
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