Avec seulement 107,000 locuteurs en 2024, le temps est venu d’une révolution linguistique pour sauver et faire renaître la langue bretonne (Éditorial)

La langue bretonne est en danger de disparition. Le nombre de locuteurs a été divisé par deux en seulement 6 ans. Rien ou presque n’est fait au niveau politique pour enrayer sa disparition pure et simple, bien au contraire.

La Bretagne a besoin d’une révolution linguistique qui ne peut-être précédée que d’une révolution politique. La renaissance de la langue bretonne ne peut pas avoir lieu dans un cadre étatique tel que celui de la république française. Depuis sa fondation en 1792, elle a adopté et continue de poursuivre une politique d’éradication de la langue bretonne. Sans rupture avec cet état, l’idéologie qui guide ses actions et les partis qui sont ses relais, la dernière langue celtique du continent européen disparaîtra.

Pour sauver la langue bretonne au 21e siècle, les Bretons doivent d’abord avoir une puissante volonté de le faire et ensuite mettre en oeuvre des mesures révolutionnaires.

1. Éducation et Formation

L’intégration de la langue bretonne dans le système scolaire est essentielle. Rendre l’apprentissage du breton obligatoire dans les écoles maternelles, primaires et secondaires de Bretagne est un impératif.

Pour cela, la formation des enseignants est cruciale. Il faut une augmentation substantielle du nombre de formations pour les enseignants en langue bretonne, notamment en assurant des bourses et des incitations financières pour ceux qui choisissent cette voie.

La création d’une université et d’une éducation supérieure est une mesure stratégique vitale. En créant une université en langue bretonne, une nouvelle élite brittophone fournira les cadres de la révolution linguistique à tous les échelons de la société en Bretagne.

2. Médias et Culture

La création d’un pôle audiovisuel doit permettre de disposer de médias, notamment télévisuels, exclusivement en langue bretonne qui émettent sur l’ensemble de la Bretagne. La création de contenus attractifs pour les jeunes, comme des séries, films, et émissions de divertissement, doit figurer parmi ses priorités.

Pour la littérature et l’édition, subventionner les éditeurs pour qu’ils publient plus de livres en breton, y compris des traductions d’œuvres populaires.

Grâce à des festivals et événements culturels, promouvoir des rencontres qui mettent en avant la langue bretonne et son usage, comme des festivals de musique, de poésie, de théâtre. Une grande fête annuelle de la langue bretonne devrait être organisée pour tous les brittophones, notamment les plus jeunes, afin d’associer étroitement la Bretagne, son peuple et sa langue.

3. Administration et Services Publics

Rendre obligatoire l’adoption de la langue bretonne dans tous les services publics en Bretagne avec la traduction des documents officiels, des formulaires et des communications.

Assurer que les fonctionnaires soient formés en breton, de préférence dès le recrutement.

4. Politiques Linguistiques

L’adoption de lois qui protègent et encouragent l’usage de la langue bretonne, avec des sanctions prévues en cas de discrimination linguistique.

Offrir des subventions aux familles et aux entreprises qui utilisent le breton au quotidien, par exemple, pour les enseignes commerciales ou la communication interne.

5. Technologies et Innovation

Soutenir financièrement le développement de logiciels et d’applications mobiles en breton, incluant des outils de traduction et de reconnaissance vocale, etc..

Jeux Vidéo : Encourager la traduction ou la création de jeux vidéo en breton pour attirer les jeunes générations.

6. Internationalisation et Coopération

Créer des partenariats avec d’autres pays afin de partager les meilleures pratiques en matière de revitalisation linguistique, notamment le Pays de Galles.

Organiser des échanges culturels et éducatifs avec d’autres communautés linguistiques minoritaires pour renforcer la conscience militante du peuple quant à la préservation de sa langue.

7. Sensibilisation et Promotion

Lancer des campagnes de sensibilisation pour valoriser la langue bretonne, mettant en avant son histoire, sa culture et son importance pour l’identité bretonne.

8. Création de communes bretonnante

Par un effort méthodique du gouvernement breton, mais avant lui par des initiatives organiques du peuple breton lui-même, organiser l’implantation de communautés brittophones homogènes dans les communes de Bretagne en s’assurant qu’elles bénéficient des infrastructures nécessaires à leur développement (écoles, logement, etc.). Il s’agit là de recréer des communautés qui parlent la langue bretonne dans leur vie quotidienne.

État, langue et nationalisme

Ces mesures intermédiaires doivent préparer la révolution politique elle-même qui est la constitution d’un État breton de langue bretonne. En faisant de la langue bretonne la langue de l’État et de ses institutions, la langue bretonne deviendrait la langue de la verticalité politique et regagnerait son prestige de langue de culture et d’action auprès de la population bretonne, par opposition à sa marginalisation sociale actuelle au sein de la société française qui décourage les Bretons de la maîtriser et de la parler.

Le principal moteur de la langue bretonne n’est autre que la volonté des Bretons de parler la langue de leurs ancêtres. Le développement d’une très forte fierté ethno-nationale chez les Bretons est indissociable de la raison d’être de l’État breton dont l’usage de la langue bretonne serait l’expression concrète. État, langue et nationalisme sont donc intimement liés et doivent être présentés en ces termes par l’Emsav dans son programme et ses orientations politiques. D’autres états y sont parvenus, comme l’État d’Israël et ce en moins de 50 ans.

Tout dépend de notre volonté.

Ewen Broc’han

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By La rédaction

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