Le 5 juin 2025, le Conseil d’État français a confirmé l’interdiction de l’usage de la langue corse dans les débats de l’Assemblée de Corse, validant l’exclusivité du français comme langue de la République française, conformément à l’article 2 de sa constitution. Cette décision, évoquée par le journal Corse Matin, rejette le pourvoi de la Collectivité de Corse, qui contestait l’annulation par le tribunal administratif de Bastia (mars 2023) et la cour administrative d’appel de Marseille (novembre 2024) de ses règlements intérieurs autorisant le corse dans les débats et actes administratifs. La Collectivité invoquait la liberté d’expression (article 11 de la Déclaration des droits de l’homme) et le droit à l’identité linguistique, mais le Conseil d’État a jugé ces arguments non fondés, refusant de transmettre la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) au Conseil constitutionnel.
Les dirigeants corses, Gilles Simeoni et Marie-Antoinette Maupertuis, dénoncent une décision qui « bannit la langue corse de l’espace public », contraire aux droits fondamentaux et aux aspirations des Corses. Ils annoncent un recours devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) et plaident pour une révision constitutionnelle visant à instaurer la coofficialité du corse, dans le cadre d’un statut d’autonomie.
Cette situation résonne fortement avec le combat breton pour la reconnaissance de la langue bretonne. Comme en Corse, l’État français impose l’usage exclusif du français dans les institutions publiques bretonnes, s’appuyant sur la même Constitution. Les règlements des collectivités bretonnes, comme le Conseil « régional » de Bretagne, n’autorisent pas le breton dans les débats officiels, reléguant la langue à un usage symbolique ou culturel.
La décision du Conseil d’État illustre l’impérialisme linguistique français, qui nie les droits des peuples sous occupation française. Les Bretons, comme les Corses, se heurtent à l’article 2 de la Constitution, qui bloque toute tentative de coofficialité ou d’usage institutionnel du breton. Les nationalistes bretons devraient s’inspirer de la stratégie corse, notamment le recours à la CEDH et la revendication d’une révision constitutionnelle.
Cette décision renforce l’urgence pour les nationalistes bretons de fédérer leurs efforts, comme le font les Corses, pour exiger un statut juridique protégeant la langue bretonne, non seulement dans l’éducation et la culture, mais aussi dans la sphère publique et institutionnelle. La lutte corse devient un miroir pour la Bretagne : sans gouvernement breton et coofficialité, le breton risque, comme le corse, d’être confiné à un rôle folklorique, loin de son statut de langue vivante d’un peuple.
Riwanon Tudual
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