Borloo dynamite l’État jacobin et propose une France fédérale

À 74 ans, Jean-Louis Borloo, ancien ministre de l’Écologie sous Nicolas Sarkozy et fondateur de l’UDI (Union des démocrates et indépendants) n’a pas perdu son appétit pour les réformes radicales. Il multiplie les interventions pour défendre une idée audacieuse : transformer la France en une « République fédérale à la française ». Au cœur de cette vision, la création de parlements régionaux basés sur les provinces historiques, une mesure qu’il présente comme un antidote à la centralisation parisienne et à la dette galopante.

Un diagnostic alarmant : la France « désorganisée »

Jean-Louis Borloo ne mâche pas ses mots. « La France est le pays le plus émietté du monde en termes d’organisation », assène-t-il le 2 octobre 2025 sur Sud Radio, lors d’une interview avec Jean-François Achilli. Pour l’ancien maire de Valenciennes, le mal est structurel : une superposition de strates administratives – communes, intercommunalités, départements, régions – qui génère redondances, coûts exorbitants et inefficacité. « Tout le monde fait tout et personne n’y comprend rien », résume-t-il le 9 octobre à la convention des intercommunalités à Aussonne, près de Toulouse. Les chiffres qu’il avance sont impressionnants : 200 milliards d’euros de dettes supplémentaires en deux ans, dus à un « effet boule de neige » des structures publiques.

Plus largement, Borloo pointe du doigt un État hyper centralisé qui étouffe les peuples de l’Hexagone. « Les coûts augmentent, mais les résultats s’effondrent », déplore-t-il dans une tribune au Paris Match du 13 octobre. Pour lui, ces dysfonctionnements ne sont pas dus à un manque de bonne volonté – « tout cela est fait par des gens de bonne foi, honnêtes, intelligents et qui travaillent » –, mais à un « problème d’organisation ». C’est dans ce diagnostic que s’inscrit sa proposition phare : une fédéralisation massive, inspirée des modèles espagnol, italien et allemand. « Il est temps de proposer aux Français une République Fédérale à la française », lance-t-il, refusant d’attendre la présidentielle de 2027 pour agir.

La France fédérale : un État recentré, des provinces autonomes

L’essence de la vision borlooïste repose sur une répartition claire des compétences. L’État central se recentrerait sur ses « responsabilités premières » : sécurité intérieure et extérieure, justice, contrôle migratoire, recherche, espace, mers et océans. Tout le reste – soit l’essentiel des politiques quotidiennes – reviendrait aux « provinces », entités territoriales redessinées sur la base des provinces historiques françaises. Adieu aux découpages administratifs actuels, jugés artificiels ; place à une cartographie ancrée dans l’histoire : Normandie, Bretagne, Provence, Alsace, etc. Ces provinces ne seraient pas de simples régions élargies, mais des entités dotées d’une réelle souveraineté législative. Le joyau de cette refondation ? La création de « parlements de provinces ». « Les provinces gèrent tout ce que ne gère pas l’État », explique Borloo sur Sud Radio. « Tout ce qui sont les peines et soins, c’est-à-dire les gens, c’est les provinces. Il faut aller au bout : un parlement de province qui fait la loi de la province. »

Ces assemblées voteraient leurs propres règles, adaptées aux réalités des différents pays. Logement social, services sociaux, hôpitaux locaux, écologie, familles, mères isolées, soutien à la jeunesse, orientation professionnelle, sport, culture : autant de domaines où Paris n’aurait plus voix au chapitre. « Tant qu’on laissera la norme à Paris, on aura toujours ce système ruineux et inefficace. Les parlements de provinces fonctionneront avec des nouvelles règles que chacun définira », insistait-il déjà le 29 août 2025, lors de l’université d’été de l’UDI à Orléans.

En libérant les territoires de la bureaucratie centralisée, on restaurerait la confiance des citoyens et on combattrait la dette par une gestion plus efficace assure Borloo. « Nous avons même inventé le terme de ‘cofinancement’, qui est en réalité le cache-sexe élégant de notre pagaille », ironise-t-il dans Paris Match. Son « big bang de l’action publique » vise à clarifier qui fait quoi, pour un État allégé et des provinces dynamiques.

Un retour sur scène opportun

Ces idées ne sortent pas de nulle part. Son intervention à Orléans en août marque un retour public, suivi d’un crescendo en octobre : interview radio, discours toulousain, tribune médiatique. Pas de calendrier précis, mais un appel aux élus : « Ne pas attendre 2027. » Dans une France paralysée, sa proposition pourrait-elle inspirer un consensus ? Un récent sondage démontre un puissant mouvement fédéraliste dans l’opinion hexagonale, avec 71% des sondés se déclarant favorable à ce que la France soit enfin fédéralisée. Si Matignon lui échappe, Borloo aura au moins ouvert le débat sur l’état de délabrement du système français, aujourd’hui en faillite et paralysé par sa bureaucratisation et son hyper parisianisme.

Budig Gourmaelon

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By La rédaction

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