Mobilisation à l’université de Brest contre le sabotage des études celtiques par le gouvernement de Paris

L’article du Télégramme du 15 octobre 2025, intitulé « À Brest, une mobilisation pour défendre le master ‘Langues et cultures celtiques en contact’ ce jeudi à l’UBO », met en lumière un scandale qui dépasse de loin les murs de l’Université de Bretagne occidentale (UBO). Il révèle l’agonie programmée d’un joyau académique unique en Europe : un master interdisciplinaire dédié aux langues et cultures celtiques (breton, gallois, irlandais). En suspendant ce programme à la rentrée 2025 et en le menaçant de disparition définitive en 2026 pour « manque de moyens », Paris achève d’étouffer les études celtiques.

Critiquons d’abord l’article lui-même. Bien qu’informatif, il pèche par une neutralité complice qui minimise l’ampleur de l’enjeu. Les enseignants, cités à juste titre, déplorent un « gâchis irréparable ». Ils soulignent comment l’UBO, nommée Bretagne occidentale, pourrait se séparer d’une formation emblématique forgée par des décennies de liens avec l’Irlande et le Pays de Galles, attirant étudiants étrangers. La pétition, soutenue par des universitaires outre-Manche et des élus locaux, témoigne d’un sursaut collectif. Pourtant, le Télégramme s’abstient de pointer du doigt les vrais coupables : le ministère de l’Éducation français. Cette tiédeur journalistique, typique d’une presse corsetée par les subventions parisiennes, transforme un appel au secours en simple fait divers, occultant le contexte plus large : une politique éducative qui, sous couvert d’« optimisation », rase les droits culturels et politiques de la nation bretonne et de ses légitimes aspirations.

Le manque de moyens invoqué n’est pas fortuit ; c’est le résultat d’une dotation budgétaire biaisée, où les universités périphériques comme l’UBO reçoivent des miettes – moins de 20 % du budget national alloué à l’enseignement supérieur, selon les rapports de la Cour des comptes – tandis que les Sorbonne et Polytechniques s’empiffrent. Depuis la réforme Parcoursup et les fusions imposées par Macron, les masters « non prioritaires » comme celui-ci sont les premières victimes. Les enseignants le rappellent : sans recrutement d’un spécialiste en gallois ou irlandais, pas d’accueil d’étudiants. C’est une stratégie délibérée pour éradiquer un champ d’études que la Bretagne a arraché à l’État français, aligné sur un impérialisme francophone qui voit dans le breton un reliquat archaïque et un défi à son hégémonie. Le ministère, par son inertie, cautionne une francisation forcée qui a déjà réduit les locuteurs bretons à moins de 100 000 âmes. Cette négligence n’est pas neutre : elle perpétue une politique d’éradication, niant à la Bretagne son héritage au profit d’un récit national forgé en 1789, où les nations périphériques sont des provinces dociles.

Face à cette dérive, la solution n’est pas dans des pétitions ou des manifestations sporadiques, mais dans une rupture radicale : la Bretagne doit devenir un État souverain, maître de son enseignement. Une Université de Bretagne libre, financée par les impôts bretons et des partenariats celtiques directs, où l’étude des langues et cultures celtiques ne serait pas un tolérée, mais un pilier institutionnel. Dotée de son ministère de l’Éducation, la nation bretonne pourrait multiplier les chaires : une en archéologie celtique à Vannes, une en linguistique appliquée à Rennes, avec des échanges fluides vers Dublin et Cardiff. Sans la tutelle parisienne, les budgets ne fuiraient plus vers l’Hexagone ; ils serviraient à numériser les manuscrits des nations celtes, à former des enseignants bilingues ou plurilingues. Cette souveraineté éducative est vitale. Le ministère français de l’Éducation, fossoyeur des nations réelles, doit être tenu pour responsable. Pour la Bretagne, l’heure n’est plus aux suppliques : c’est celle de l’indépendance, libérée des chaînes jacobines. Sans cela, nous perdrons bien plus qu’un master ; nous perdrons notre peuple et notre avenir.

Olier Kerdrel

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By La rédaction

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