Éditorial : pour un gouvernement breton face à la paralysie de la Ve République

La France traverse une crise politique profonde. La Ve République, jadis vantée pour sa stabilité, montre aujourd’hui ses limites : instabilité gouvernementale, polarisation croissante et incapacité à répondre aux défis locaux dans un État hyper centralisé. Pour la Bretagne, cette paralysie est une opportunité historique de repenser son avenir. Il est temps de revendiquer un véritable gouvernement breton, sur la base d’un modèle fédéral inspiré de la Suisse, pour permettre à la nation bretonne de s’émanciper et de répondre à ses besoins spécifiques avec agilité et ambition.

La paralysie de la Ve République : un frein pour la Bretagne

Depuis plusieurs années, la France est engluée dans une crise institutionnelle. Les gouvernements se succèdent à un rythme effréné, les réformes patinent, et les citoyens bretons, comme ailleurs, ressentent un fossé grandissant entre leurs attentes et les décisions prises à Paris. La centralisation, héritage d’une monarchie absolue recyclée par la République, étouffe les initiatives. La Ve République, avec son présidentialisme rigide et son administration jacobine, ne permet pas à la Bretagne d’exploiter pleinement son potentiel. Les décisions prises à des centaines de kilomètres ignorent les réalités de notre peuple. Face à cette paralysie, la Bretagne doit revendiquer une autonomie politique pour reprendre en main son destin.

Une Bretagne fédérale sur le modèle suisse

Imaginons une Bretagne fédérale, inspirée du modèle suisse, où l’autonomie des cantons coexiste avec une solidarité nationale. La Suisse, avec ses 26 cantons, démontre qu’un système décentralisé peut conjuguer efficacité, démocratie directe et respect des identités locales. Dans une Bretagne fédérale, des institutions propres – un parlement breton élu, un gouvernement breton – auraient autorité sur des domaines clés : éducation, culture, économie locale, environnement et aménagement du territoire.

  • Éducation et culture : Un gouvernement breton pourrait généraliser l’enseignement bilingue (breton-français) dans les écoles, renforçant l’identité linguistique tout en préparant les jeunes à un monde globalisé. La Suisse, avec ses quatre langues nationales, montre que le multilinguisme est une richesse, non un fardeau.
  • Économie et innovation : La Bretagne, avec ses ports, son agriculture et ses filières technologiques (comme à Lannuon ou Roazhon), pourrait définir une stratégie économique adaptée. Un modèle fédéral permettrait de réinvestir localement les recettes fiscales, au lieu de les voir absorbées par l’État central. Les cantons suisses, comme Zurich ou Genève, prospèrent grâce à leur autonomie fiscale et économique.
  • Démocratie directe : À l’image des référendums suisses, un gouvernement breton pourrait impliquer directement les citoyens dans les grandes décisions, renforçant la légitimité des politiques publiques et restaurant la confiance.

L’émancipation de la Bretagne comme nation

La Bretagne, nation historique avec sa langue, sa culture et son identité maritime, mérite de s’affirmer comme un acteur politique à part entière. Cette émancipation offrirait à la Bretagne la liberté de répondre à ses défis spécifiques : relancer l’économie des zones rurales, protéger l’environnement face à l’érosion côtière, ou encore promouvoir un tourisme durable qui valorise le patrimoine plutôt que de l’épuiser. Elle permettrait aussi de réaffirmer la Bretagne comme un carrefour européen, ouverte sur l’Atlantique et connectée à des nations celtes comme l’Irlande ou l’Écosse.

Un appel à l’action

La paralysie de la Ve République est une alarme. La Bretagne ne peut plus se contenter d’une décentralisation timide ou de subventions parisiennes. Un gouvernement breton, dans un cadre fédéral, est une réponse pragmatique et audacieuse. Il s’agit de reprendre le contrôle, non pour s’isoler, mais pour construire une Bretagne forte, innovante et fidèle à son histoire. À l’image de la Suisse, la Bretagne peut devenir un modèle national dynamique. Le temps est venu pour les Bretons de se rassembler, d’exiger un débat public sur leur avenir institutionnel et de porter haut leur vision d’une nation émancipée.

Budig Gourmaelon

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By La rédaction

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