Les Îles Matthew et Hunter : le dernier délire des nostalgiques de la colonisation française

Récemment, le débat sur les îles Matthew et Hunter, deux îlots inhabités situés dans le Pacifique Sud, a resurgi, opposant la droite hexagonale à la nation du Vanuatu. Marine Le Pen et ses alliés nostalgiques de l’ère coloniale, s’opposent farouchement à toute idée de restitution de ces îles au Vanuatu, invoquant une pseudo « souveraineté » historique inaliénable. Pourtant, cet argumentaire ne résiste pas à l’examen des faits historiques, politiques et juridiques. 

Les Racines Historiques

L’argument principal des impérialistes comme Le Pen et Maréchal repose sur une prétendue annexion française datant de 1929. Selon cette version, la France aurait légitimement intégré les îles Matthew et Hunter à son territoire, les rattachant à sa colonie de Nouvelle-Calédonie. Découvertes en 1774 par le capitaine James Cook, ces îles volcaniques inhabitées ont d’abord été administrées dans le cadre du condominium des Nouvelles-Hébrides, une colonie partagée entre la France et le Royaume-Uni.

Jusqu’en 1976, ni les lois françaises ni celles de la Nouvelle-Calédonie ne mentionnaient explicitement que ces îles en faisaient partie. Ce n’est qu’en 1976, à la veille de l’indépendance des Nouvelles-Hébrides (qui deviendront le Vanuatu en 1980), que la France a décrété unilatéralement leur rattachement à la Nouvelle-Calédonie. Les sources historiques, comme celles analysées dans le Leiden Journal of International Law (2024), montrent que les allégations d’une annexion en 1929 sont dénuées de fondement. En réalité, les îles étaient considérées comme partie intégrante des Nouvelles-Hébrides jusqu’à cette annonce illégale et opportuniste.

Vanuatu, depuis son indépendance, revendique légitimement ces territoires comme un héritage colonial volé, arguant que leur détachement par la France viole le principe du droit international du respect de l’intégrité territoriale des colonies en voie de décolonisation. Contrairement au récit impérialiste, qui peint la France comme un gardien éternel, l’histoire révèle une stratégie de dernière minute pour conserver un pied dans le Pacifique, au mépris des aspirations des peuples.

Marine Le Pen ignore ces faits.

De même, Marion Maréchal, avec son discours sur une « menace » pour la France, perpétue ce mythe en occultant le contexte colonial.

Hypocrisie française

Politiquement, l’insistance de la droite hexagonale sur le maintien de la souveraineté française sur Matthew et Hunter s’inscrit dans une rhétorique plus large de refus de la décolonisation dans le Pacifique. Pour Le Pen et ses pairs, ces îles représentent un enjeu symbolique : le déni du déclin irréversible de la France comme empire colonial. La France, en tant que puissance européenne, n’a plus la légitimité politique, ni les moyens pour imposer sa domination sur des territoires aux antipodes de Paris.

Le Vanuatu, nation indépendante depuis 1980, porte le droit des peuples à l’autodétermination, un principe consacré par les Nations Unies (résolution 1514 de 1960). Les îles Matthew et Hunter, bien que inhabitées, font partie du patrimoine culturel et territorial vanuatais, comme l’affirment ses leaders nationaux. En 2023, un député vanuatais a même appelé Emmanuel Macron à régler ce différend, soulignant l’incongruité d’une France qui s’accroche à des rochers lointains tout en peinant à faire face à ses propres crises internes. Outre l’illégitimité flagrante des prétentions de l’Hexagone, comment faire croire que la France peut dominer des possessions pacifiques quand elle ne contrôle plus les rues de Paris ? Les émeutes ethniques récurrentes, l’instabilité politique en métropole, les finances en faillite virtuelle démontrent la réalité d’un pays en profond déclin. 

Les fondements juridiques

Juridiquement, l’argumentaire de l’impérialisme français s’effondre face au droit international. La France affirme exercer une « souveraineté pleine et entière » sur les îles, les intégrant à la Nouvelle-Calédonie. Pourtant, le décret de 1976 est contestable, car il viole le principe d’uti possidetis juris (maintien des frontières coloniales) et le droit à l’autodétermination. L’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur les Chagos (2019) fournit un précédent accablant. La CIJ a jugé que le détachement des Chagos de Maurice était illégal, car il entravait le processus de décolonisation. De même, pour Matthew et Hunter, le transfert de 1976 a privé les Nouvelles-Hébrides de leur intégrité territoriale. Des analyses juridiques, comme celle publiée dans le Leiden Journal (2024), soulignent que Vanuatu a un droit légitime à ces îles, basé sur l’héritage territorial de l’ère coloniale et les résolutions onusiennes contre la fragmentation des territoires des pays en voie de décolonisation. La France a porté l’affaire devant la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS), mais cela ne change rien : les questions de souveraineté relèvent de la CIJ, non de l’UNCLOS. Vanuatu pourrait saisir la Cour, et les chances de succès sont élevées, vu les précédents. Les impérialistes comme Le Pen ignorent ces aspects, préférant invoquer une « possession historique » qui n’existe pas. Leur discours n’est pas juridique, mais idéologique, visant à flatter le sentiment 

Une décolonisation inévitable

Démonter l’argumentaire de Marine Le Pen, Marion Maréchal et leurs alliés, c’est révéler la faiblesse d’une courant colonial dépassé. Historiquement opportuniste, politiquement hypocrite et juridiquement faible, leur défense d’une prétendue annexion des îles Matthew et Hunter n’est qu’un écran de fumée pour masquer les faiblesses internes de la France. Le temps est venu de rendre ces îles à leur véritable état, le Vanuatu, dans un geste de justice et de respect du droit international. Les nostalgiques hexagonaux, avec leur agressivité verbale, feraient mieux de balayer devant leur porte : avant de conquérir le Pacifique, ils devraient tenter de reprendre le contrôle des banlieues parisiennes.

Budig Gourmaelon

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By La rédaction

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